Le recrutement de main d’œuvre agricole étrangère saisonnière, une tendance grandissante

Acteurs incontournables de la chaîne de production agricole en France, les acteurs saisonniers viennent depuis de nombreuses années essentiellement d’Europe de l’est.

Nos contenus vous plaisent ? Soutenez notre duo de journalistes passionnés en regardant une courte publicité !
recrutement main d'œuvre

Jeune fermier – CREDIT : Freepik

Depuis la levée des mesures restrictives associées à la crise de la COVID-19, le recrutement de travailleurs étrangers saisonniers dans le secteur agricole est reparti de plus belle. Une main d’œuvre étrangère qui fait désormais l’objet de convoitise dans d’autres industries du pays.

Découvrez dans les lignes qui suivent pourquoi cette tendance est grandissante.

Ils viennent d’Europe de l’Est et du Maghreb

Depuis de nombreuses décennies déjà, l’agriculture française est tributaire de cette force de travail en provenance de l’étranger. Elle en est tellement dépendante qu’au plus haut des mesures de restrictions sanitaires liées au Covid, les associations d’agriculteurs ont demandé des autorisations spéciales. En effet, dans le but de secourir les plantations de clémentines corses, ce sont quelques 900 travailleurs marocains qui ont été dépêchés par l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) en octobre 2020. Au mois de décembre de cette même année, ce sont 300 autres travailleurs qui ont été orientés vers les fermes maraîchères et horticoles du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.

La Pologne : un partenariat privilégié

À l’Est, la Pologne est l’un des pays les plus représentés de cette force de travail. Un mouvement migratoire dont les origines remontent au début du XXème siècle au sortir de la guerre qui a dévasté l’Europe. Les paysans polonais qui avaient pour habitude de s’expatrier vers l’Allemagne ou l’Amérique ont ainsi commencé à se diriger vers l’hexagone.

Une main d’œuvre qualifiée disposant déjà de compétences très utiles dans les champs français.

La pénurie d’après guerre ainsi que le phénomène d’exode rural massif qui s’en est suivi en France, ont achevé de consacrer l’institutionnalisation de cette force de travail dans l’industrie agricole.

Depuis cette époque, de nombreux responsables à divers niveaux voient d’ailleurs le phénomène d’un bon œil et se sont prononcés en faveur de son expansion. En effet, il permet aux agriculteurs de tenir les délais et la qualité des récoltes tout en optimisant leur coût de production.

Ainsi, au-delà des efforts fournis par les organismes publics afin de faciliter le recrutement main d’œuvre étrangère saisonnière, les prestataires privés constituent également des acteurs très importants de ce système.

Certains parmi eux permettent aux responsables des quelques 436.000 exploitations agricoles françaises d’effectuer des recrutements ciblés en Pologne, en Roumanie et dans d’autres pays de l’Est en fonction de leurs besoins particuliers.

Quatre fois plus d’arrivées depuis la crise

Avec la reprise des vols commerciaux, les dispositions spéciales de voyage pour ces travailleurs font désormais partie de l’histoire. Mais la tendance générale au niveau de l’évolution des effectifs demeure à la hausse.

Selon les rapports de la Direction générale des étrangers en France (DGEF) et du Ministère de l’Intérieur, il y avait environ 5.000 titres de séjour délivrés aux travailleurs saisonniers étrangers avant la pandémie en 2019.

L’agence intérimaire Grupa bis pol HT qui est actuellement le leader du recrutement de la main d’œuvre saisonnière polonaise dénote que ce chiffre a explosé en passant la barre des 22.000 autorisations dès le premier exercice post pandémie.

De la main d’œuvre qualifiée, un dispositif d’embauche simplifié, des charges patronales et salariales réduites, et des entreprises d’intérim basées notamment en Pologne qui offrent des services en Français et de qualité. Voici une formule qui séduit les agriculteurs et même le patronat d’autres secteurs d’activités de l’économie française. L’hôtellerie et la restauration notamment lorgnent désormais sur le marché des saisonniers. En effet, après avoir expérimenté une pénurie à l’été 2022, l’UMIH (principal syndicat de ce secteur) a également entrepris des démarches pour négocier l’arrivée de travailleurs étrangers saisonniers à l’horizon 2023 auprès des autorités tunisiennes.