Doliprane sous contrôle américain : Sanofi empoche 10 milliards, la France perd un morceau de sa souveraineté. Un symbole industriel français passe sous pavillon américain
Sanofi a officialisé ce mercredi la vente d’Opella, sa filière historique du Doliprane, au fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R). Une transaction à 10 milliards d’euros qui relance le débat sur l’érosion de la souveraineté industrielle et pharmaceutique française.
La France va-t-elle manquer de médicaments Doliprane un jour ? C’ est la question que les français se pose. Le gouvernement laisse vendre un médicament courant aux USA, quand la France devrait avoir un fond souverain, si tu vends une partie de cette entreprise on rachète les actions.
On peut se demander si Sanofi est une entreprise française, patriote ou une entreprise qui cherche à faire de l’argent.
Bien que Sanofi conserve 48,2 % des parts d’Opella, le transfert de la majorité du capital vers un acteur outre-Atlantique suscite des interrogations sur l’avenir de la production locale et de l’autonomie stratégique de la France en matière de santé.
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« Rien ne change » ? Les assurances de Sanofi face aux inquiétudes
À l’annonce de la cession, Julie Van Ongevalle, PDG d’Opella, a voulu rassurer :
« Ce changement d’actionnariat ne modifie rien : Doliprane restera fabriqué en France pour les Français. »
Du côté de Sanofi, Frédéric Oudéa, président du conseil d’administration, justifie l’opération par une logique financière :
« Cette vente nous permet de dégager 10 milliards d’euros, dont la moitié sera réinvestie dans des rachats d’actions et l’autre dans l’intelligence artificielle. »
Pourtant, le timing interroge :
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Dépendance accrue aux capitaux étrangers pour des médicaments essentiels.
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Risque de délocalisation à moyen terme, sous pression des actionnaires.
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Stratégie contestée d’un géant pharmaceutique déjà critiqué pour son retard sur le vaccin Covid.
Aujourd’hui, le gouvernement français ne fait pas son travail. Il aurait dû utiliser la clause exception culturelle française pour interdire la vente ou un fond souverain français vient racheter l’entreprise.
Une vente qui divise : actionnaires satisfaits, syndicats en colère
L’annonce, révélée en octobre 2024, avait provoqué une vague de protestations, syndicats et politiques dénonçant une « braderie du patrimoine français ». Malgré les discours rassurants, les doutes persistent :
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75,36 % des actionnaires ont approuvé la rémunération du PDG Paul Hudson, en hausse de 14,3 % (1,6 million d’euros).
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Aucune clause contraignante ne garantit le maintien de la production en France à long terme.
Quels médicaments sont concernés ?
Outre le Doliprane (paracétamol), Opella produit :
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Efferalgan (antidouleur)
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Mégalvitamines (compléments alimentaires)
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Naturactive (phytothérapie)
La France perd ainsi le contrôle exclusif sur plusieurs marques grand public, pourtant considérées comme critiques.
Souveraineté pharmaceutique : un enjeu national fragilisé
Cette opération s’inscrit dans une tendance plus large :
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Délocalisations massives dans le secteur pharmaceutique.
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Privatisation croissante des fleurons industriels par des fonds étrangers.
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Risques géopolitiques en cas de crise d’approvisionnement.
Alors que l’Europe tente de relocaliser sa production stratégique, la France cède un pan de son autonomie médicale… au moment même où Sanofi s’allie à Pfizer pour conditionner des vaccins Covid.
Et maintenant ?
Les engagements de maintien des emplois et des sites seront scrutés à la loupe. Mais une question demeure :
Jusqu’où ira la marchandisation de la santé française au nom des profits financiers ?