Le monde caché des ventes sur TikTok : quand les réseaux sociaux détruisent nos entreprises

Aujourd’hui, TikTok ne se contente plus de faire danser les ados ou de populariser des recettes de cuisine express. Une nouvelle tendance s’installe dans l’ombre des vidéos virales : celle des ventes sauvages de produits divers, souvent sans entreprise, sans TVA, et sans règles. Bienvenue dans le monde parallèle du commerce informel 2.0.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de l’AI et Fakenews, l’ensemble de tout cela va affaiblir notre démocratie et surtout on souhaite faire du clique avec de la promo au lieu de tout simplement rechercher un produit est un expert.

Des vendeurs invisibles, mais omniprésents

Ce ne sont pas des multinationales ni des commerçants aguerris. Ce sont des étudiants en quête d’un revenu d’appoint, des mères de famille à la recherche d’un complément ou encore des actifs désireux d’arrondir leurs fins de mois. Leur point commun ? Aucun statut juridique, aucune structure déclarée. Pourtant, ils vendent. Tout. Partout. En direct sur TikTok ou via des plateformes comme Whatnot, le nouveau canal montant du live shopping.

Dans les vidéos en direct, tout passe : gousses de vanille, parfums de contrefaçon, Thermomix de seconde main, Vente de Thermomix, produits artisanaux, vêtements… Les prix sont cassés, les offres éphémères, l’achat compulsif encouragé. Le modèle ? Acheter à bas coût, vendre immédiatement, encaisser sans se poser de questions.

photo tiktok pixabay

Photo de Pixabay

 Un exemple qui interroge : la vanille bradée sur tiktok qui détruit les entreprises historiques

Prenons le cas de la vanille, un produit noble par excellence. Sur certaines vidéos, on trouve 20 gousses de vanille vendues à seulement 0 euros, uniquement la livraison à payer via Mondial Relay. À première vue, une bonne affaire. Mais en creusant, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

  • Prix de vente : 15 €

  • Commission plateforme (15%) : -2,25 €

  • Montant réel : 12,75 €

  • TVA (20%) sur le prix : -0,75 € ➜ Reste 12 €

  • Livraison Mondial Relay : -3,56 €

  • TVA sur la livraison : -0,71 € ➜ Reste 11,29 €

Reste au total : 7,73 euros

Le prix moyen au kilo de la vanille de qualité se situe entre 100 et 165 euros/kg, et 20 gousses pèsent en moyenne 160 à 180 g. À ce tarif, impossible de couvrir ne serait-ce que le coût d’achat, encore moins les taxes, frais de port, emballage, temps de préparation ou service client pour une entreprise légal. Avec un siret. Le commerce légal, lui, ne peut pas suivre.

Une distorsion du marché

Ce type de vente directe — informelle, non déclarée — crée une distorsion économique majeure. Les entreprises sérieuses, qui respectent les règles, paient leurs charges, déclarent leur TVA, rémunèrent leurs salariés ou prestataires, sont fragilisées. Certaines ne tiennent plus.

Le Comptoir de Toamasina spécialiste de la vanille, ne peut pas s’aligner sur cette offre et cette entreprise à plus de 15 ans. Aujourd’hui Arnaud créateur du Comptoir de Toamasina, explique « qu’il ne peut pas suivre cette tarification vers le bas, actuellement nous perdons des ventes car personne nous cherche sur les réseaux traditionnelles, les gens veulent du prix et non de l’expertise. Avant la HCU de Google en 2023, google nous donné des clients car nous étions expert et nous étions dans le top 3, aujourd’hui avec l’arrivée et de l’AI tout le monde peut-être expert depuis le vol de contenu. Les plateformes comme tiktok envoi du trafic vers des personnes non spécialiste et va exclure de façon intentionnelle les experts. Ensuite c’est le problème du gain rapide, la vanille va subir un cycle de Schumpeter. »

Dans le secteur de l’épicerie fine ou de la parfumerie artisanale, les témoignages se multiplient. Certains artisans voient leurs ventes chuter, concurrencés par des vendeurs TikTok qui proposent des prix imbattables… mais illégaux.

Les plateformes complices malgré elles ?

TikTok, Whatnot, Instagram Live… Ces plateformes ne sont pas des marketplaces traditionnelles. Elles ne sont pas responsables des ventes qui s’y déroulent, mais elles hébergent une économie souterraine, difficile à réguler.

Tant que les flux financiers transitent par des moyens opaques ou via des plateformes permissives, les autorités ont peu de leviers. Résultat : la fraude s’installe, le marché légal recule.

L’urgence d’agir

Ce phénomène pose une double problématique : sociale et fiscale. D’un côté, une nouvelle génération cherche des raccourcis vers le profit rapide, souvent sans conscience des risques juridiques ou fiscaux encourus. De l’autre, les professionnels établis voient leurs efforts réduits à néant.

Faut-il réguler plus strictement les ventes sur les réseaux sociaux ? Exiger une immatriculation professionnelle pour toute transaction commerciale ? Ou responsabiliser davantage les plateformes ?

Une chose est sûre : le monde de demain ne peut pas reposer sur une économie parallèle encouragée par les algorithmes.