France à la Dérive : Comment la Crise de Gouvernement Prépare une Présidentielle 2027 à Haut Risque. Tout savoir sur la crise politique en France qui va avoir des répercutions sur notre vie. On parle d’une augmentation des impôts car il n’a pas de budget. L’unique solution pour la France c’est la réforme, il faut couper dans les dépenses mais quelles dépenses ? Ici on vous explique que la France peut devenir la Belgique et avoir un gouvernement avec un excédent budgétaire.

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 Le Gouvernement le Plus Court de la Vème République, Symptôme d’une Paralysie Inédite

 

Le 6 octobre 2025, la France a assisté à un spectacle politique à la fois surréaliste et tragique : la démission du gouvernement de Sébastien Lecornu, moins de 24 heures après sa nomination. Cet événement, qui inscrit le gouvernement Lecornu comme le plus éphémère de l’histoire de la Vème République, n’est pas une simple péripétie ou un accident de parcours. Il est le symptôme le plus aigu d’une pathologie institutionnelle profonde, l’aboutissement d’une séquence de décomposition politique qui a débuté avec la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 et qui a laissé le pays dans un état de paralysie quasi-totale. Cet épisode n’est pas un incident isolé ; il succède aux chutes successives des gouvernements de Michel Barnier en décembre 2024 et de François Bayrou en septembre 2025, établissant un schéma d’instabilité chronique qui rend la France virtuellement ingouvernable.   

La crise actuelle dépasse largement le cadre d’une simple impasse parlementaire. Elle constitue une crise systémique qui reconfigure activement le paysage politique, accélère de manière inédite la campagne présidentielle de 2027 et force une confrontation nationale avec les fondements mêmes des institutions de la Vème République. La démission éclair de Sébastien Lecornu n’est pas seulement un échec personnel ou une erreur de casting ; elle est le coup de pistolet qui lance officiellement une campagne présidentielle dont les thèmes dominants seront la stabilité institutionnelle, la survie économique et la possibilité d’une refondation républicaine.

Au-delà de l’arithmétique parlementaire, cette succession de gouvernements avortés révèle une crise de légitimité bien plus profonde. L’incapacité de l’exécutif, et singulièrement du Président de la République, à traduire un mandat électoral en une capacité effective à gouverner, met en lumière une rupture fondamentale au cœur du pacte républicain. La chute de trois gouvernements en moins d’un an n’est pas perçue par l’opinion publique comme un problème technique, mais comme une faillite morale et systémique de l’ensemble de la classe politique. Ce sentiment est corroboré par des sondages qui montrent une défiance abyssale envers le pouvoir en place : seuls 19 % des Français se déclarent satisfaits de l’action présidentielle, et 78 % estiment que la démocratie fonctionne mal. Ce vide de légitimité crée un appel d’air pour les forces politiques anti-système, qui présentent le chaos ambiant comme la preuve irréfutable de la faillite d’un “establishment” à bout de souffle. La crise devient ainsi auto-entretenue : la paralysie nourrit le mépris, qui à son tour rend tout compromis et toute gouvernance stable encore plus improbables, préparant le terrain pour des solutions politiques radicales.   

 

Anatomie d’un Blocage Institutionnel

 

L’impasse politique actuelle est le produit d’une séquence d’événements qui a progressivement paralysé la machine étatique. Le point de départ fut la décision du président Emmanuel Macron, le 9 juin 2024, de dissoudre l’Assemblée nationale au soir d’une défaite cuisante de son camp aux élections européennes. Le pari d’un sursaut républicain s’est soldé par un échec retentissant. Les élections législatives anticipées qui ont suivi ont accouché d’un Parlement sans majorité absolue, marqué par une “tripolarisation” entre le bloc présidentiel, le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement National. Cette fragmentation a rendu la formation d’une majorité de gouvernement stable mathématiquement impossible, créant les conditions structurelles du blocage que connaît le pays.   

Cette situation met à rude épreuve l’architecture institutionnelle de la Vème République. Conçue par le général de Gaulle en 1958 pour garantir un exécutif fort et des majorités stables, elle se révèle inadaptée à ce nouveau paysage politique fragmenté. L’hyper-présidentialisme, autrefois source de stabilité, est devenu une source de faiblesse, concentrant tous les reproches sur un président affaibli et isolé. Parallèlement, des outils parlementaires conçus pour être exceptionnels, comme la motion de censure, sont devenus des armes de guerre politique courantes, banalisées en “rituel systématique” avec 45 motions déposées en trois ans.   

La chronique des gouvernements déchus illustre cette descente dans l’ingouvernabilité :

  • Le gouvernement Barnier (99 jours) : Nommé en septembre 2024, Michel Barnier a tenté de former un gouvernement de centre-droit. Il a été renversé en décembre 2024 par une motion de censure votée conjointement par la gauche et le Rassemblement National, lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Sa chute a démontré l’impossibilité de gouverner sans un accord de coalition formel, que personne n’était prêt à conclure.   
  • Le gouvernement Bayrou (8 mois et 27 jours) : Succédant à Michel Barnier, François Bayrou a tenté une autre approche, cherchant à obtenir un soutien au cas par cas. Son gouvernement a été renversé en septembre 2025 après avoir perdu un vote de confiance sur son plan d’économies budgétaires, devenant le premier gouvernement de la Vème République contraint à la démission sur la base de l’article 49, alinéa 1er. Cet échec a souligné l’extrême difficulté, voire l’impossibilité, de faire adopter un budget, la fonction la plus élémentaire d’un gouvernement.   
  • Le gouvernement Lecornu (moins d’un jour) : La tentative de nommer Sébastien Lecornu le 5 octobre 2025 s’est soldée par un fiasco immédiat. Critiqué de toutes parts, y compris par des membres de son propre camp potentiel (Les Républicains), et sans aucune perspective de majorité, il a été contraint de démissionner le lendemain matin, avant même d’avoir pu tenir son premier Conseil des ministres. Cet épisode a révélé la pulvérisation totale du paysage politique et l’incapacité du président à construire la moindre coalition viable.   

Le symptôme le plus grave de cette paralysie est le “trou noir budgétaire”. L’incapacité à faire adopter le budget pour 2026 plonge l’État dans l’inconnu. Le pays est contraint de fonctionner par douzièmes provisoires, un mode de gestion d’urgence qui empêche toute réforme structurelle, retarde les investissements et envoie un signal de dysfonctionnement majeur aux partenaires internationaux et aux marchés financiers.   

Cette situation n’est plus seulement le résultat d’un blocage arithmétique ; elle est le fruit d’une stratégie délibérée de la part des oppositions. Les calculs politiciens en vue de l’élection présidentielle de 2027 monopolisent désormais toute l’attention, empêchant tout dialogue ou compromis sur les sujets essentiels. Les motions de censure qui ont fait tomber les gouvernements Barnier et Bayrou ont été le fruit d’alliances de circonstance entre des forces politiques aux antipodes l’une de l’autre, unies par un seul objectif commun : rendre le pays ingouvernable. Les sondages montrant que le Rassemblement National et, dans une moindre mesure, le Nouveau Front Populaire sont les principaux bénéficiaires de ce chaos, il existe une logique cynique pour ces forces à perpétuer la crise. En s’assurant qu’aucun gouvernement ne puisse fonctionner, elles valident leur discours selon lequel le “système” est irréformable et que seule une alternative radicale – la leur – peut sauver le pays. Cet usage de l’obstruction non pas pour influencer la politique mais pour saboter l’institution elle-même marque une dégradation profonde des normes démocratiques.   

Table 1: Chronologie d’une Crise Institutionnelle (Juin 2024 – Octobre 2025)

Date Événement Source(s)
9 juin 2024 Dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron
Décembre 2024 Chute du gouvernement de Michel Barnier (motion de censure)
9 septembre 2025 Chute du gouvernement de François Bayrou (vote de confiance négatif)
5 octobre 2025 Nomination du gouvernement de Sébastien Lecornu
6 octobre 2025 Démission du gouvernement Lecornu

  

 

L’Économie en Otage : Quand l’Incertitude Politique Devient une Crise de Confiance

 

L’instabilité institutionnelle chronique a cessé d’être une simple affaire politique pour devenir un risque économique majeur, prenant en otage la deuxième économie de la zone euro. Les marchés financiers ont été les premiers à réagir. La démission de Sébastien Lecornu a provoqué une chute de 2 % du CAC 40, un affaiblissement de l’euro et une augmentation significative de l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes, qui a atteint un sommet de 86 points de base. Cet “spread” est un indicateur clé de la défiance des investisseurs : le risque politique français est désormais un facteur de coût quantifiable pour l’État et les entreprises.   

Ce climat anxiogène s’est diffusé à l’ensemble de l’économie réelle. Les enquêtes d’opinion révèlent un pessimisme record au sein de la population française, avec 86 % des citoyens exprimant leur défiance envers “l’avenir économique du pays”. Le moral des ménages est en berne, à son plus bas niveau depuis deux ans, ce qui les incite à privilégier l’épargne au détriment de la consommation, freinant ainsi un moteur essentiel de la croissance. Cette anxiété économique n’est plus perçue comme un phénomène conjoncturel, mais comme la conséquence directe de la crise politique, créant un cercle vicieux où l’incertitude politique alimente la morosité économique, qui elle-même renforce le mécontentement politique.   

Les entreprises sont en première ligne. Un sondage mené en septembre 2025 révèle que 54 % des chefs d’entreprise ressentent un impact immédiat de la crise sur leur activité. L’absence de gouvernement stable et de cap économique clair gèle les décisions d’investissement et de recrutement. Pour les industriels, chaque remaniement ou chaque chute de gouvernement signifie repartir de zéro : nouveaux interlocuteurs dans les ministères, réexplication des dossiers, remise en cause des arbitrages précédents. Cette instabilité chronique ralentit des projets cruciaux et envoie un signal extrêmement négatif aux investisseurs étrangers, qui pourraient préférer reporter ou délocaliser leurs projets vers des pays jugés plus stables, affaiblissant durablement la compétitivité française.   

Ce blocage politique survient au pire moment, sur fond de situation budgétaire déjà dégradée. Avec un déficit public record de 6,1 % du PIB en 2024 et une dette publique qui a atteint 3 416 milliards d’euros (115,6 % du PIB) au deuxième trimestre 2025, la France est sous la surveillance étroite de ses partenaires européens et des agences de notation. L’incapacité à faire adopter un budget contenant les mesures d’austérité et les réformes structurelles exigées par Bruxelles augmente le risque d’une dégradation de la note souveraine de la France, ce qui renchérirait le coût de la dette et limiterait encore davantage les marges de manœuvre futures. Si cette incertitude perdure, le risque d’une récession se profile clairement.   

L’anxiété économique a ainsi fusionné avec la crise politique. Le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation principale de 51 % des Français, loin devant les autres sujets. Mais cette inquiétude n’est plus seulement liée à l’inflation ou au chômage ; elle est désormais directement imputée à l’incompétence et à la paralysie d’une classe politique jugée incapable de diriger le pays. Cette politisation des griefs économiques est un puissant moteur de radicalisation. Elle profite aux partis qui proposent des solutions simples et radicales, transformant un débat économique en un référendum sur la validité du système politique lui-même. L’élection de 2027 ne se jouera donc pas sur des ajustements de politique économique à la marge, mais sur des récits concurrents où le marasme économique sera présenté comme la conséquence inéluctable d’un système politique à bout de souffle, rendant les électeurs plus réceptifs à des propositions de rupture.   

 

Chapitre 3 : La Fin de Règne d’Emmanuel Macron : Une Succession Subie Plutôt que Pilotée

 

La crise actuelle a acté la fin politique du second quinquennat d’Emmanuel Macron, le transformant en un président spectateur de sa propre fin de règne. Il termine son mandat dans un “isolement politique et institutionnel inédit sous la Vème République”. Sa cote de popularité s’est effondrée à un plancher historique de 17 %, avec seulement 19 % de Français satisfaits de son action. Dépourvu de majorité parlementaire et de soutien populaire, il n’a plus le capital politique nécessaire pour peser sur les événements ou orchestrer sa succession. La fin de son mandat n’est plus une “préparation maîtrisée pour 2027”, mais une “longue transition subie”.   

Cette impuissance est aggravée par un bilan de plus en plus difficile à défendre pour son camp. Les critiques dressent le portrait d’un pays affaibli sur tous les fronts : une dette publique qui a explosé de plus de 1 100 milliards d’euros depuis 2017, un taux de pauvreté en hausse touchant près de 10 millions de personnes, des services publics démantelés, notamment l’hôpital, et une désindustrialisation qui se poursuit malgré les promesses de réarmement économique. Le prochain président, quel qu’il soit, héritera d’un “pays affaibli sur tous les plans : économique, social, institutionnel et géopolitique”, dont les problèmes structurels ne pourront être corrigés à court terme.   

Table 2: Bilan Économique et Social de la Présidence Macron (2017-2025)

Indicateur 2017 2025 Évolution
Dette publique (en milliards €) 2 281 3 416 +1 135
Dette/PIB (%) 101 % 115,6 % +14,6 pts
Taux de pauvreté (%) 13,6 % 15,4 % +1,8 pts
Classement démocratie (EIU) 20e (démocratie pleine) 26e (démocratie défaillante) -6 places
Satisfaction présidentielle (%) ~50 % 19 % -31 pts
Utilisation du 49.3 0 27 +27

Source des données :  

Dans ce contexte, les héritiers potentiels de la “Macronie” sont confrontés à un dilemme insoluble.

  • Édouard Philippe reste perçu comme l’un des favoris au sein de l’électorat de centre-droit. Sa stratégie consiste à prendre ses distances avec un pouvoir discrédité, se positionnant comme un recours en cas de crise majeure, voire de démission présidentielle anticipée. Il est parvenu à se “déscotcher” de l’image d’Emmanuel Macron, mais reste associé à une famille politique en plein déclin.   
  • Gabriel Attal, après un passage remarqué à Matignon, tente lui aussi de se “démacroniser”. Ses critiques ouvertes de la dissolution lui ont valu l’hostilité de l’Élysée, illustrant la fragmentation et les rivalités internes qui minent le camp présidentiel.   
  • D’autres figures comme Gérald Darmanin, François Bayrou ou Sébastien Lecornu voient leurs ambitions présidentielles compromises par leur association directe avec le chaos actuel et des cotes de popularité faibles.   

La crise actuelle marque en réalité l’échec définitif du projet politique “macroniste” de 2017, qui visait à gouverner depuis le centre en dépassant le clivage gauche-droite. La tripolarisation du paysage politique et la paralysie parlementaire sont la preuve que cet espace central s’est effondré. En vidant les partis traditionnels de leurs élites et en brouillant les repères idéologiques, Emmanuel Macron a créé un vide institutionnel durable. Par conséquent, ses successeurs ne peuvent plus se contenter de promettre la continuité ou le “en même temps”. Ils sont contraints d’inventer une nouvelle offre politique dans un paysage qui exige désormais des choix idéologiques clairs et non plus un centrisme technocratique. L’élection de 2027 marquera probablement un retour à une confrontation brutale entre des blocs idéologiques bien définis, où le centre ne sera plus une base de pouvoir mais un champ de bataille.   

 

Les Oppositions en Campagne Permanente : Stratégies de Conquête dans le Chaos

 

Le vide laissé par l’effondrement du pouvoir exécutif a été immédiatement comblé par les forces d’opposition, qui ont transformé la crise institutionnelle en une campagne présidentielle permanente. L’instabilité est devenue leur principal argument, leur permettant d’affûter leurs messages et de consolider leurs bases électorales en vue de 2027.

Table 3: État des Forces Politiques – Intentions de Vote Présidentielle 2027 (Sondages Septembre 2025)

Candidat / Bloc Intention de Vote (% – 1er Tour) Source(s)
Marine Le Pen / Jordan Bardella (RN) ~35 % – 40 % (bloc)
Raphaël Glucksmann (PS/NFP) ~15 % – 18 %
Jean-Luc Mélenchon (LFI/NFP) ~10 % – 12 %
Édouard Philippe ~25 % (satisfaction)
Gabriel Attal ~24 % (satisfaction)
Bruno Retailleau (LR) 9 % – 13 %

   

Note : Les chiffres varient selon les hypothèses et les instituts. Le tableau présente une synthèse des tendances générales.

 

Le Rassemblement National, l’Alternative Normalisée?

 

Le Rassemblement National (RN) est le principal bénéficiaire de la crise. Sa stratégie fondamentale consiste à se présenter comme la seule force capable de restaurer l’ordre et la stabilité face au chaos. Les sondages indiquent que le bloc d’extrême droite atteint un niveau sans précédent, avoisinant les 40 % d’intentions de vote. Pour ses électeurs, le RN est devenu un “instrument pour sortir de la crise politique et parlementaire qui paralyse le pays”.   

Le parti s’appuie sur un tandem efficace entre Marine Le Pen et Jordan Bardella. Les enquêtes montrent qu’ils obtiennent des scores quasi identiques, ce qui suggère que les électeurs les perçoivent comme des incarnations interchangeables de la marque RN. Cette dualité est une force stratégique : Jordan Bardella est chargé de séduire l’électorat de droite traditionnelle et les milieux économiques, en se présentant comme une “valeur refuge” , tandis que Marine Le Pen conserve la confiance de son socle historique. La question de l’inéligibilité potentielle de Marine Le Pen, suite à sa condamnation en avril 2025, ajoute une dimension supplémentaire, faisant de Jordan Bardella non plus un simple successeur, mais un plan B crédible et peut-être nécessaire.   

La dernière étape de la stratégie de “normalisation” du RN est la quête de crédibilité économique. Cependant, son programme reste marqué par de profondes contradictions : il promet des baisses d’impôts massives et non financées (comme la baisse de la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 %) et des augmentations de dépenses, tout en affirmant vouloir assainir les comptes publics. Sur le fond, le programme reste ancré sur ses piliers idéologiques : une politique migratoire radicale (suppression du droit du sol, restriction de l’Aide Médicale d’État, “priorité nationale” pour les prestations sociales), un discours sécuritaire ferme (présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre) et un protectionnisme économique affirmé.   

 

Le Nouveau Front Populaire, la Rupture ou l’Impasse?

 

Face à une crise qu’il juge existentielle, le Nouveau Front Populaire (NFP) propose une stratégie de rupture totale avec le système en place. Son projet s’articule autour d’une triple promesse : répondre à “l’urgence sociale”, engager une “bifurcation économique et écologique” et, surtout, fonder une VIème République.   

Le programme économique du NFP est particulièrement ambitieux. Il prévoit des mesures d’application immédiate comme l’augmentation du SMIC à 1 600 € net, le blocage des prix des biens de première nécessité et l’abrogation des réformes des retraites et de l’assurance-chômage. Le financement de ce programme, dont le coût est estimé à 150 milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires d’ici 2027, reposerait sur une révolution fiscale : rétablissement d’un Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) renforcé, suppression de la “flat tax” sur les revenus du capital, et création d’un impôt sur le revenu beaucoup plus progressif avec 14 tranches.   

Au cœur du projet, notamment pour sa composante La France Insoumise, se trouve la revendication d’une VIème République. Cette proposition n’est pas un simple ajustement institutionnel, mais un changement de régime, qui passerait par la convocation d’une Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Ce nouveau régime serait plus parlementaire, plus participatif, et inclurait des outils de démocratie directe comme le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC). En plaçant la question institutionnelle au centre de son projet, le NFP se positionne non pas comme une simple alternative mais comme un renouveau pour la France.

Cependant, la coalition est traversée par de profondes divisions, notamment sur la question du leadership. Si des figures comme Raphaël Glucksmann bénéficient d’une image plus modérée et séduisent une partie de l’électorat de centre-gauche , la personnalité de Jean-Luc Mélenchon reste la plus rejetée du paysage politique français, ce qui constitue un handicap majeur pour la crédibilité de l’alliance.   

 

4.3 : Les Républicains, la Survie entre Deux Blocs

 

La droite gaulliste traditionnelle, incarnée par Les Républicains (LR), est confrontée à une crise existentielle. Prise en étau entre un centre “macroniste” qui a absorbé une partie de son électorat et un Rassemblement National qui séduit sa base la plus à droite, son espace politique s’est considérablement réduit, la reléguant à des scores oscillant entre 9 % et 13 % dans les sondages.   

La crise interne a atteint son paroxysme lors des élections législatives de 2024, lorsque le président du parti d’alors, Éric Ciotti, a décidé de rompre le “cordon sanitaire” en formant une alliance avec le RN, provoquant un schisme au sein du mouvement. Cet épisode a mis en lumière la fracture idéologique qui tiraille le parti, entre une frange tentée par l’union des droites et une autre qui s’accroche à une ligne d’indépendance.   

Paradoxalement, LR, parti historique de la Vème République, se retrouve à devoir défendre des institutions qui apparaissent aux yeux d’une majorité de Français comme étant à bout de souffle. Incapable de proposer un récit mobilisateur au-delà d’une promesse de gestion sérieuse, le parti souffre d’un “vide idéologique et programmatique” qui le rend inaudible dans une période qui appelle des réponses fortes. La difficulté à faire émerger un candidat présidentiel crédible et unificateur, les figures potentielles comme Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez peinant à dépasser les 10-13 %, illustre cette quête d’identité. Le défi pour Les Républicains est immense : réinventer une offre politique distincte qui ne soit ni une pâle copie du macronisme, ni un marchepied vers le Rassemblement National.   

 

2027, l’Élection de la Refondation?

 

L’analyse de la situation politique française à l’automne 2025 mène à une conclusion inéluctable : l’instabilité gouvernementale chronique n’est pas un simple prélude à l’élection présidentielle de 2027 ; elle est déjà la campagne. Cette crise a agi comme un puissant accélérateur de la décomposition et de la recomposition du paysage politique. Elle a pulvérisé le centre politique, exacerbé la polarisation de l’électorat et transformé la prochaine échéance présidentielle en une confrontation à haut risque entre des visions radicalement opposées de l’avenir de la France.

L’élection de 2027 ne se limitera pas à un choix entre différentes personnalités ou programmes politiques. Sa question centrale, imposée par la faillite actuelle des institutions, sera celle de la nature même du régime. Le Rassemblement National propose d’utiliser les outils de la Vème République pour mener à bien une révolution nationaliste. Le Nouveau Front Populaire appelle à son abolition pure et simple au profit d’une VIème République. Les héritiers du macronisme et la droite traditionnelle, quant à eux, seront contraints de défendre un système que une majorité de citoyens juge défaillant et incapable de répondre aux défis du pays.

La France se trouve à la croisée des chemins. La combinaison explosive d’une paralysie institutionnelle, d’une anxiété économique profonde alimentée par une dette abyssale , de fractures sociales béantes et d’un contexte géopolitique international instable confère à l’élection de 2027 une portée historique. Le résultat déterminera non seulement l’identité du prochain président, mais aussi le modèle politique, économique et social sur lequel le pays reposera pour les décennies à venir. Le choix n’est plus simplement celui d’un nouveau dirigeant ; c’est celui d’une refondation, subie ou choisie, de la République elle-même.