Drame en Mer à La Londe-les-Maures : Un Plongeur de 73 Ans Perd la Vie, la Sécurité des Seniors en Plongé en Question
Un septuagénaire a trouvé la mort ce matin lors d’une sortie en plongée au large de La Londe-les-Maures. Malgré l’intervention rapide des secours, l’homme n’a pu être réanimé. Alors qu’une enquête est ouverte pour déterminer les causes exactes du drame, cette nouvelle tragédie met en lumière les risques accrus de la plongée pour les seniors et s’inscrit dans un bilan 2024 déjà particulièrement lourd pour cette activité en Méditerranée.
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L’Accident et la Vaine Intervention des Secours
Le drame s’est noué en milieu de matinée, ce mercredi. Vers 10h12, l’alerte est donnée pour un accident de plongée au large du port de La Londe-les-Maures, une commune varoise dont les eaux sont régulièrement le théâtre d’opérations de sauvetage. Cet événement tragique vient s’ajouter à une série d’incidents récents dans le même secteur, incluant la prise en charge d’une femme de 40 ans ou une autre intervention pour deux victimes, soulignant la fréquence de ce type d’accidents pour les secours locaux.
Immédiatement, la chaîne de secours en mer, un mécanisme éprouvé et coordonné, s’est déclenchée. L’appel est centralisé par le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage de la Méditerranée (CROSS Med), qui orchestre l’ensemble des moyens nautiques et aériens. Sur le plan terrestre, les sapeurs-pompiers du Var ont été dépêchés sur le quai avec une ambulance pour assurer la première prise en charge. Simultanément, le SAMU 83 a été mobilisé, projetant souvent une équipe médicale par hélicoptère pour garantir une médicalisation dans les plus brefs délais, une procédure standard dans ce type d’urgence.
Malgré la rapidité et la coordination des secours, les tentatives de réanimation pratiquées sur la victime, un homme de 73 ans, sont restées vaines. Ce constat tragique, bien que difficile, met en évidence les limites auxquelles les sauveteurs sont confrontés. Même avec un protocole optimisé, incluant l’évacuation systématique vers l’Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) Sainte-Anne à Toulon, qui dispose d’un caisson hyperbare essentiel pour traiter les accidents de décompression, le facteur temps et la gravité de l’état initial de la victime sont déterminants. En cas d’arrêt cardiaque survenant en mer, chaque minute écoulée avant les premiers gestes de réanimation réduit drastiquement les chances de survie, rendant l’alerte précoce par les co-plongeurs absolument cruciale.
L’Enquête en Cours : Un Puzzle Médico-Technique pour la Gendarmerie
Comme pour tout décès en mer, une enquête judiciaire a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances exactes de l’accident. Ces investigations complexes sont confiées à la Gendarmerie Maritime, une unité spécialisée dans les affaires se déroulant dans l’environnement marin. Pour reconstituer le scénario du drame, les enquêteurs s’appuient sur trois piliers fondamentaux, une méthodologie rigoureuse illustrée par des enquêtes passées, comme celle menée à Nice après la découverte de plongeurs disparus trente ans plus tôt.
Le premier axe est médical. Une autopsie sera pratiquée afin de déterminer la cause précise du décès. L’objectif est de faire la distinction entre un accident directement imputable à la pratique de la plongée (comme un barotraumatisme pulmonaire, une noyade ou un accident de décompression) et un malaise d’origine préexistante survenu dans le contexte particulier de l’immersion, tel qu’un accident vasculaire cérébral ou un infarctus. L’âge de la victime, 73 ans, rend cette dernière hypothèse statistiquement plausible, les études montrant que les accidents cardiovasculaires sont une cause majeure de décès en plongée, notamment chez les plus de 50 ans.
Le deuxième axe est technique. L’intégralité de l’équipement du plongeur sera saisie pour expertise. Le détendeur, le gilet stabilisateur, le manomètre et, surtout, l’ordinateur de plongée seront examinés avec la plus grande attention. Cet ordinateur, véritable “boîte noire” du plongeur, enregistre des données cruciales : la profondeur maximale atteinte, la durée de l’immersion, la vitesse de remontée et le respect des paliers de décompression. Son analyse peut révéler une erreur de procédure, une remontée en panique ou une défaillance matérielle ayant conduit à l’accident.
Le troisième axe est humain. Les enquêteurs procéderont à l’audition de toutes les personnes présentes lors de la sortie : le directeur de plongée, qui est responsable de l’organisation et de la sécurité de l’activité, les autres membres de la palanquée et le personnel du bateau support. Leurs témoignages sont essentiels pour reconstituer le déroulement de l’immersion, identifier un éventuel comportement inhabituel de la victime, une difficulté signalée ou tout autre événement ayant pu précéder le drame.
L’enjeu de cette triple investigation est de différencier un “malaise en plongée” d’un “accident de plongée”. Cette distinction est fondamentale. Un accident met en cause la technique, le matériel ou le respect des procédures, engageant potentiellement la responsabilité de l’encadrement ou du fabricant. Un malaise, en revanche, est lié à l’état de santé du pratiquant, potentiellement aggravé par l’environnement hyperbare. L’enquête s’attachera donc à vérifier la validité du certificat médical d’absence de contre-indication à la plongée, obligatoire pour pratiquer en structure, et à déterminer si l’état de santé de la victime était compatible avec l’effort physique et le stress physiologique inhérents à l’immersion.
La Plongée Senior : Passion, Risques et Prévention
La plongée sous-marine n’est pas réservée à la jeunesse. C’est une activité de pleine nature qui peut être pratiquée jusqu’à un âge avancé, offrant des bénéfices en termes de maintien d’une activité physique modérée et de lien social. Cependant, le vieillissement de l’organisme s’accompagne de modifications physiologiques qui, sans être des contre-indications absolues, augmentent les risques et nécessitent une vigilance accrue.
Les experts du Divers Alert Network (DAN) Europe, organisation de référence mondiale pour la sécurité en plongée, ont identifié plusieurs points de vulnérabilité spécifiques aux plongeurs seniors. Le système cardiovasculaire est en première ligne : l’immersion et le froid provoquent une vasoconstriction périphérique et un afflux de sang vers le thorax, augmentant la charge de travail du cœur. Chez une personne dont le système cardiovasculaire est moins performant, cet effort supplémentaire peut déclencher une hypertension aiguë, des troubles du rythme cardiaque ou un œdème pulmonaire d’immersion. Parallèlement, la fonction pulmonaire diminue, l’endurance physique et la résistance au froid s’amenuisent, ce qui peut entraîner une consommation d’air plus rapide, une fatigue précoce et un risque accru d’hypothermie.
Face à ces risques, la prévention repose sur une auto-évaluation honnête de sa propre condition physique et un suivi médical rigoureux. La Fédération Française d’Études et de Sports Sous-Marins (FFESSM) et DAN Europe insistent sur la nécessité d’un examen médical annuel approfondi après 40 ans, et plus encore après 55 ans, incluant idéalement un test d’effort. Le plongeur senior doit également faire preuve de sagesse et savoir renoncer à une plongée en cas de fatigue ou s’il ne “sent pas” les conditions.
Pour aider les pratiquants à naviguer ces risques, un ensemble de bonnes pratiques peut être synthétisé.
Tableau 1 : Guide de Prévention pour les Plongeurs Seniors
Catégorie | Recommandations Clés | |
Suivi Médical | Examen médical annuel complet et approfondi (test d’effort recommandé). Évaluation de la compatibilité des traitements médicamenteux avec la plongée. | |
Planification de la Plongée | Privilégier des plongées plus courtes et moins profondes. Éviter les plongées répétitives et les profils “yoyo”. Plonger “dans la courbe” (sans paliers obligatoires). Utiliser du Nitrox pour réduire la charge en azote. | |
Comportement & Technique | S’hydrater abondamment avant et après. Éviter les efforts intenses (porter du matériel lourd). Descendre et remonter lentement. Optimiser la protection thermique pour éviter le froid. | |
Matériel | Utiliser un matériel adapté et facile à manipuler. Envisager un masque avec verres correcteurs si besoin. Se faire aider pour s’équiper et se déséquiper. |
Un Lourd Bilan en Méditerranée : Le Var, Zone Rouge de la Plongée
Le drame de La Londe s’inscrit dans un contexte particulièrement sombre pour la sécurité de la plongée en Méditerranée. En juin 2024, la Préfecture maritime de la Méditerranée a officiellement tiré le signal d’alarme face à une “augmentation inquiétante du nombre d’accidents”. Les chiffres sont sans appel : depuis le début de l’année, le CROSS Med a coordonné 59 opérations de secours impliquant des plongeurs, au cours desquelles 8 décès ont été déplorés. En comparaison, à la même période en 2023, on ne comptait qu’un seul décès pour 42 opérations.
Cette forte hausse fait de la plongée (autonome ou en apnée) l’activité la plus mortelle en mer sur la façade méditerranéenne française en 2024. Elle représente 57% des 14 décès enregistrés au total depuis le début de l’année. Dans ce bilan préoccupant, le département du Var est identifié par les autorités comme l’une des zones les plus accidentogènes, aux côtés des Bouches-du-Rhône, de la Corse-du-Sud et des Alpes-Maritimes. Cette concentration s’explique par la popularité de ses sites de plongée, qui attirent un grand nombre de pratiquants.
Ces données locales alarmantes s’inscrivent dans un contexte national où, en moyenne, on dénombre 320 accidents de plongée nécessitant une hospitalisation et entre 15 et 20 décès par an (toutes pratiques confondues). Le risque d’accident grave est statistiquement faible, estimé à environ 1 pour 10 000 plongées, mais il n’est jamais nul.
L’augmentation spectaculaire des décès en 2024 résulte probablement d’une convergence de facteurs. La reprise de l’activité au printemps, après une pause hivernale, expose des plongeurs dont la condition physique n’est pas toujours optimale, un phénomène de “perte du conditionnement” bien identifié par la FFESSM. À cela s’ajoute une fréquentation toujours croissante des sites les plus réputés. Enfin, le vieillissement général de la population des plongeurs, comme en témoigne l’âge moyen des accidentés (40 ans selon une étude marseillaise), constitue un facteur de fond qui rend la communauté plus vulnérable à ces pics d’accidents.
La Londe et les Îles d’Or : Un Paradis pour Plongeurs aux Multiples Facettes
La commune de La Londe-les-Maures est l’une des portes d’entrée privilégiées vers le Parc National de Port-Cros, le plus ancien parc marin d’Europe, et les îles d’Hyères. Cette zone est considérée comme un haut lieu de la plongée en Méditerranée, célèbre pour la richesse de sa biodiversité, avec une faune abondante incluant des mérous sédentarisés, des bancs de barracudas et une multitude d’autres espèces protégées.
Au-delà de sa faune, la région est mondialement connue pour son patrimoine immergé, notamment ses épaves profondes qui attirent des plongeurs techniques et expérimentés. Parmi les plus célèbres, deux reposent non loin de là où s’est produit l’accident :
- Le Donator : Cet ancien cargo, coulé par une mine en 1945, gît sur un fond sableux à une profondeur variant de 35 mètres sur ses superstructures à 51 mètres à son hélice. Considérée comme l’une des plus belles épaves de Méditerranée, sa visite est exigeante et réservée aux plongeurs certifiés de niveau 3 minimum. Le site est en effet réputé pour ses courants, décrits comme “souvent forts” et pouvant devenir “extrêmement violents”, ce qui représente un danger non négligeable.
- Le Grec (Sagona) : Ce cargo, qui a connu un sort similaire à celui du Donator la même année, repose à proximité, entre 35 et 47 mètres de profondeur. Tout comme son voisin, il est couvert de magnifiques gorgones et attire une faune dense, mais il est également soumis à un “risque de courant fort” qui peut compliquer et rendre dangereuse l’exploration.
La présence de ces sites techniques et profonds façonne le profil des plongeurs qui fréquentent la zone. Il ne s’agit pas majoritairement de débutants, mais de passionnés confirmés, possédant les certifications et l’expérience nécessaires pour de telles immersions. Ce public est, par définition, souvent plus âgé. Le fait que la victime soit un homme de 73 ans n’est donc pas une anomalie dans ce contexte. Il appartenait précisément à la catégorie de plongeurs attirés par les joyaux sous-marins de la région. Ce drame s’est produit à la croisée d’un environnement de plongée exigeant et d’un pratiquant physiologiquement plus vulnérable, une conjonction de facteurs qui rappelle que même la plus grande expérience ne peut se substituer à la prudence et à une évaluation rigoureuse de ses propres limites.
Rappel des Règles d’Or pour une Plongée en Toute Sécurité
Face à ce nouveau drame et au bilan alarmant de l’année, la Préfecture Maritime et la FFESSM rappellent inlassablement les règles fondamentales qui régissent la pratique de la plongée en toute sécurité. Ces consignes, définies notamment par le Code du Sport, s’adressent à tous les plongeurs, quel que soit leur niveau.
La Préparation, Clé de Voûte de la Sécurité
Avant même la mise à l’eau, la sécurité se prépare à terre.
- Condition physique : Une bonne forme est indispensable. Il ne faut jamais surestimer ses capacités, particulièrement en début de saison après une période d’inactivité. Une visite médicale annuelle est fortement recommandée. En cas de fatigue ou de doute, la décision la plus sage est de renoncer à la plongée.
- Matériel : Un équipement en parfait état de fonctionnement est non négociable. Une vérification complète est nécessaire avant chaque saison et un contrôle visuel avant chaque immersion.
- Conditions environnementales : Consulter la météo marine est un réflexe essentiel. Il faut être particulièrement vigilant aux conditions de courant, de houle et de visibilité, et adapter la plongée en conséquence.
Les Règles en Immersion
Une fois sous l’eau, le respect des procédures et des prérogatives est impératif.
- Ne jamais plonger seul : La plongée est une activité d’équipe. Il est fondamental de privilégier les structures professionnelles et de toujours évoluer au sein d’une palanquée, sous la responsabilité d’un guide ou en autonomie avec un binôme.
- Respecter ses prérogatives : Chaque niveau de certification correspond à des limites de profondeur qu’il ne faut jamais dépasser. Tenter d’aller au-delà de ses compétences est l’une des erreurs les plus dangereuses.
- Maîtriser sa remontée : La vitesse de remontée doit être contrôlée et lente. Les paliers de décompression, indiqués par l’ordinateur de plongée, doivent être scrupuleusement respectés pour permettre à l’organisme d’éliminer l’azote accumulé et prévenir un accident de décompression.
Savoir Alerter : Les Gestes qui Sauvent
En cas d’incident ou d’accident, la rapidité de l’alerte est le facteur le plus critique pour l’efficacité des secours.
- Le numéro 196 : Ce numéro d’appel gratuit, joignable depuis n’importe quel téléphone, permet de contacter directement le CROSS Med, qui déclenchera et coordonnera les secours.
- Le Canal 16 de la VHF : En mer, c’est le canal international d’urgence. Un appel “Mayday” sur ce canal alertera immédiatement le CROSS Med et tous les navires environnants.
- Les premiers secours : En attendant l’arrivée des équipes médicalisées, les premiers gestes sont vitaux. Si la victime est consciente, il faut l’hydrater. Dans tous les cas de suspicion d’accident de plongée, il faut administrer de l’oxygène pur à un débit de 15 litres par minute à l’aide d’un masque à haute concentration, et ce, sans interruption jusqu’à la prise en charge par les médecins.