Délinquance dans le Var : Pourquoi les chiffres de la préfecture ne rassurent plus personne. Vous allez tout savoir et tout comprendre sur la criminalité dans notre région.

 

Le constat est paradoxal. D’un côté, les autorités annoncent une baisse globale de la délinquance dans le Var.

De l’autre, un sentiment d’insécurité tenace s’installe chez les habitants. Alors, que se passe-t-il réellement? Analyse d’une fracture entre les statistiques et le ressenti.

Sur le papier, les nouvelles sont bonnes. Pour 2024, la préfecture du Var affiche un bilan encourageant : la délinquance générale a reculé de 1,5 %, avec des baisses encore plus marquées dans des villes comme Toulon (-3 %) et Hyères (-5,5 %). Les atteintes aux biens, qui incluent les cambriolages et les vols, sont en nette diminution, avec des reculs respectifs de 6 % et 10 %. Les vols violents, particulièrement traumatisants, chutent même de 21 %. Ces chiffres, fruits d’une “forte mobilisation des forces de sécurité” et d’opérations “Place nette” médiatisées, devraient logiquement apaiser les esprits. Pourtant, c’est tout l’inverse qui se produit.   

La face cachée des chiffres : ces violences qui hantent le quotidien

 

Si le tableau général semble s’éclaircir, une lecture plus attentive des mêmes rapports officiels révèle une réalité bien plus sombre. Car pendant que les vols de voitures diminuent, d’autres formes de criminalité, plus intimes et anxiogènes, explosent.

Le chiffre le plus alarmant est celui des violences intrafamiliales (VIF), qui ont bondi de 12 % en un an. Cette statistique n’est pas anodine : elle signifie que le lieu qui devrait être le plus sûr, le foyer, devient une source de danger pour un nombre croissant de personnes. Cette tendance, qui s’inscrit dans une crise nationale, a un impact psychologique dévastateur, bien plus profond qu’un simple cambriolage.   

Autre point noir : les violences dans les transports en commun, en hausse de 5 %. Prendre le bus ou le train, des gestes du quotidien pour des milliers de Varois, est désormais perçu comme plus risqué. Ces agressions, qui touchent de manière disproportionnée les femmes, ne se limitent pas à un incident : elles restreignent la liberté de mouvement et installent une peur diffuse dans la routine journalière.   

C’est là que réside le cœur du paradoxe. L’histoire n’est pas tant dans le nombre de crimes que dans leur nature. Un vol de voiture est rageant. Une agression dans le bus est terrifiante. L’impact n’est tout simplement pas le même. La diminution des atteintes aux biens est une réalité, mais la hausse des atteintes aux personnes l’est tout autant. Or, ces dernières pèsent bien plus lourd dans la balance de notre sentiment de sécurité.   

Délinquance dans le Var Pourquoi les chiffres de la préfecture ne rassurent plus personne

Délinquance dans le Var Pourquoi les chiffres de la préfecture ne rassurent plus personne

Zoom sur Fréjus : quand les moyennes départementales s’effondrent

 

Pour comprendre ce décalage, il faut quitter les statistiques globales et descendre sur le terrain. À Fréjus, des quartiers comme La Gabelle ou Agachon vivent une réalité qui contraste fortement avec les moyennes départementales. Les reportages décrivent La Gabelle comme le théâtre d’un “important commerce illicite” de drogue, où les interventions policières sont considérées “à haut risque” et où des bandes se sont approprié le territoire, créant une perception de “zone de non-droit”.   

À Agachon, quartier prioritaire, les habitants sont confrontés à des “tensions urbaines” et à un sentiment d’insécurité jugé “préoccupant”. Les délits ne sont pas toujours des crimes graves, mais un flux constant de vols, d’agressions et d’incivilités, comme les “rodéos” de scooters, qui dégradent la qualité de vie et entretiennent un climat de peur au quotidien. Ces actes de désordre visibles, même mineurs, signalent une rupture du contrôle social et créent une anxiété bien plus forte que ne le suggèrent les statistiques.   

L’effet loupe des faits divers

 

Cette anxiété est amplifiée par une couverture médiatique qui, par nature, se concentre sur les événements les plus marquants. Les fusillades, les vols à main armée ou les agressions violentes, bien que statistiquement rares, font la une des journaux et façonnent la perception du public de manière disproportionnée. Un seul fait divers spectaculaire peut avoir plus d’impact sur le sentiment d’insécurité de milliers de personnes qu’une baisse de 10 % des cambriolages.   

De plus, les statistiques officielles ne capturent qu’une fraction de la réalité. Le “chiffre noir” de la délinquance, c’est-à-dire l’ensemble des crimes qui ne sont jamais signalés, reste immense, en particulier pour les violences intrafamiliales et sexuelles. La hausse de 12 % des VIF enregistrées ne représente donc que la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste.   

non, vous n’êtes pas parano

 

Le sentiment d’insécurité qui grandit dans le Var n’est donc pas une perception irrationnelle ou déformée. C’est une réaction logique à la nature changeante de la menace. Moins de vols, mais plus de violences personnelles. Des statistiques globales en baisse, mais des réalités locales tendues. Une communication officielle qui se veut rassurante, mais qui semble déconnectée des angoisses légitimes de la population.

En se focalisant sur une baisse générale, les autorités occultent une transformation qualitative de la criminalité. Or, pour les habitants, la peur d’être agressé pèsera toujours plus lourd que la crainte d’être volé. Tant que ce décalage ne sera pas pris en compte, les chiffres, aussi positifs soient-ils, ne parviendront plus à rassurer personne.