Framatome-Rosatom La liaison dangereuse du nucléaire français, quand Bruno Lemaire souhaitait mettre l’économie russe à terre, il n’a pas parlé des contrats de rosatom et franmatome. Ici, c’est un scandale pour le gouvernement français, nous voyons une guerre se arriver entreprise l’Europe et la Russie et nous laissons une dépense énergétique envers la Russie. La France et l’Europe doit reprendre le contrôle de mine d’Uranium ou nous avons été chassé. C’est notre avenir qui est enjeux. La Russie gagne plus avec le nucléaire qu’avec le gaz.

Pour allez plus en profondeur regardez cette vidéo d’Arte.

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Le paradoxe stratégique français

 

« Si la Russie persiste dans son obstination guerrière et dans son refus de venir à la table de négociation, elle devra en payer le prix ». Par ces mots, le président Emmanuel Macron a signifié un durcissement majeur de la posture française et européenne à l’égard de Moscou.

Cette déclaration, martiale et sans équivoque, dessine les contours d’une politique de fermeté visant à contraindre la Russie par la menace de conséquences économiques et stratégiques sévères.

Pourtant, derrière la puissance du verbe se dissimule une réalité industrielle plus complexe et problématique. Au moment même où Paris menace de faire plier le Kremlin, l’un des fleurons de son industrie, le champion du nucléaire Framatome, détenu majoritairement par l’État français via EDF, poursuit une coopération stratégique et lucrative avec le géant russe du nucléaire, Rosatom.

Le saviez-vous que des centrales nucléaires dans les pays de l’est vont utiliser du combustible nucléaire russe.

Il est bon à savoir quand vous construisez une centrale nucléaire c’est comme un ascenseurs, certaines pièces maîtresse uniquement le constructeur va savoir faire la fabrication et ici, on parle du combustible nucléaire. C’est une peu une vente subordonnée. Ici, on fait l’interdit dans le code de la consommation mais pour des centrales nucléaires aucun problème. Vous voyez le problème.

Ce paradoxe est au cœur de la position stratégique française. Comment une nation peut-elle menacer de faire « payer le prix » à un adversaire tout en contribuant simultanément à la solidité financière et technologique de l’une de ses entreprises d’État les plus stratégiques?

La Russie le sait très bien celui qui contrôle l’énergie contrôle le monde et Poutine est en train de réaliser un coup de maître, comme une araignée qui tisse sa toile.

Cette apparente contradiction n’est pas une simple négligence, mais le symptôme d’une dissonance profonde entre les ambitions géopolitiques de la France et les dépendances structurelles de son industrie.

Notre article vous aide à comprendre un incohérence qui est une condition sine qua non à la crédibilité de la politique étrangère française et à la viabilité du projet d’autonomie stratégique européenne.

En analysant la posture politique, les liens industriels, l’étendue de la dépendance et les voies de sortie possibles, ce document vise à éclairer les choix difficiles mais nécessaires qui attendent la France et l’Europe pour aligner leurs actes sur leurs paroles.

 

Le verbe et le glaive” : décryptage de la posture macronienne face à la Russie

 

 

Contextualisation de la déclaration du Président de la République

 

L’allocution du président Macron le 5 mars 2025 marque un tournant dans la rhétorique française vis-à-vis de la Russie.

Elle n’est pas une simple déclaration isolée, mais l’aboutissement d’un durcissement progressif du discours, qualifiant la Russie de puissance « prédatrice » et de « menace existentielle » pour l’Europe.

Framatome-Rosatom La liaison dangereuse du nucléaire français

Framatome-Rosatom La liaison dangereuse du nucléaire français

L’affirmation selon laquelle « la menace russe est là et touche les pays d’Europe » témoigne d’un changement fondamental, passant d’une stratégie de dialogue, parfois critiquée pour sa complaisance, à une posture de dissuasion explicite. Ce changement de ton a été conçu pour produire un effet de choc, tant à Moscou que parmi les alliés de la France.   

 

Les moteurs géopolitiques du changement

 

Ce pivot rhétorique est motivé par deux facteurs externes majeurs qui redéfinissent le paysage sécuritaire européen.

Premièrement, la perception croissante d’un désengagement stratégique américain, qualifiée par certains analystes d’« absence américaine », contraint l’Europe à reconsidérer les fondements de sa propre sécurité.

Le retour de Donald Trump à la présidence américaine et ses remises en question récurrentes de l’engagement des États-Unis au sein de l’OTAN ont agi comme un électrochoc. La posture ferme d’Emmanuel Macron peut ainsi être interprétée comme une tentative de catalyser une réponse européenne unifiée et de positionner la France en tant que leader de cette nouvelle architecture de défense, capable de combler le vide potentiel laissé par Washington.   

Deuxièmement, cette déclaration est indissociable d’un appel pressant à un réarmement massif, tant au niveau national qu’européen. Les dépenses militaires françaises, historiquement basses en pourcentage du PIB, doivent être considérablement augmentées pour faire face à la menace. Cette ambition se heurte cependant à une réalité budgétaire complexe. Des experts soulignent que financer cet effort de défense, dans un contexte de dette publique élevée, nécessitera des arbitrages difficiles, notamment une potentielle réduction des dépenses sociales, qui sont parmi les plus élevées d’Europe. C’est un choix politique périlleux que le gouvernement n’a jusqu’à présent pas pleinement assumé, craignant la réaction de l’opinion publique.   

Réactions Internationales

 

La réaction de Moscou fut immédiate et virulente. Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé le président français de faire « définitivement tomber les masques » et de se révéler comme le véritable chef du « parti de la guerre ». Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a qualifié le discours de « conflictuel » et de « menace » directe envers la Russie, illustrant une escalade diplomatique claire.   

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tout en saluant la fermeté du ton français, a rappelé l’urgence des besoins concrets sur le terrain. Il continue d’exhorter ses partenaires, dont la France, à renforcer l’aide militaire, en particulier en matière de systèmes de défense antiaérienne, vitaux pour protéger les villes et les infrastructures ukrainiennes.   

L’analyse de la déclaration présidentielle révèle qu’elle n’est pas uniquement un message à l’intention de la Russie. Il s’agit d’un signal stratégique complexe destiné à plusieurs audiences simultanément. Pour Moscou, c’est un avertissement et une tentative de rétablir une forme de dissuasion. Pour les alliés européens, c’est un appel à l’unité et à la prise de conscience face à la gravité de la menace, une incitation à construire une défense européenne plus autonome. Enfin, pour les États-Unis, c’est le signal que l’Europe, sous une impulsion française, est prête à assumer une plus grande part de son fardeau sécuritaire, mais qu’elle entend le faire selon ses propres termes. La déclaration vise donc moins à initier un conflit qu’à redéfinir les équilibres stratégiques sur le continent.

 

L’atome de la discorde : la coopération stratégique entre framatome et rosatom

Nous devons vous rappeler quelques choses, la France et la Russie sont deux leaders dans le monde du nucléaire. Il faut savoir que la Russie et la France construise des centrales nucléaires vont extraire l’uranium, mais aujourd’hui rosatom domine la France sur le marché de l’extraction de l’Uranium et notamment au Niger où la France a été chassé par la Russie.

 

Un Partenariat Ancré dans l’Histoire

 

Contrairement à une simple relation commerciale, les liens entre Framatome et Rosatom constituent un partenariat stratégique profond, forgé sur plus de 45 ans de coopération.

Cette relation a été consolidée par la signature d’un Accord de Coopération Stratégique le 2 décembre 2021, soit quelques semaines à peine avant le déclenchement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.   

Le moment de cette signature est particulièrement révélateur. En décembre 2021, les tensions étaient déjà à leur paroxysme, avec un déploiement massif de troupes russes aux frontières de l’Ukraine.

Pourtant, le communiqué de presse conjoint de l’époque se concentrait sur des objectifs purement techniques et commerciaux, tels que la « production sûre et fiable d’énergie propre » et la réalisation des « objectifs mondiaux de décarbonation ».

Ce langage, déconnecté de la réalité géopolitique imminente, illustre une puissante inertie au sein du complexe industriel nucléaire franco-russe.

Les impératifs commerciaux et les logiques de long terme des projets industriels ont primé sur les signaux d’alerte politiques. Même après l’invasion, les affaires se sont poursuivies, les ventes à l’exportation de Rosatom ayant même augmenté de 20 % en 2022. Cette « dépendance de sentier » (path dependency), où des décennies de collaboration ont créé des chaînes d’approvisionnement et des objectifs communs, rend le découplage particulièrement difficile et explique en grande partie le paradoxe stratégique actuel.   

 

La nature de la coopération

 

La portée de cet accord va bien au-delà de la simple fourniture de matériaux. Elle concerne des domaines technologiques de pointe, essentiels au fonctionnement des centrales nucléaires :

  • Fabrication de combustible et systèmes de contrôle-commande (I&C) : L’accord se concentre sur le développement conjoint de technologies de fabrication de combustible et, de manière cruciale, de systèmes d’instrumentation et de contrôle (I&C). Ces systèmes sont considérés comme le « cerveau et le système nerveux central » d’une centrale nucléaire, assurant sa sûreté et son pilotage.   
  • Transfert de technologie et d’expertise : Dans le cadre de ce partenariat, Framatome et son partenaire technologique allemand Siemens Energy exportent des technologies avancées, des logiciels et une expertise de pointe vers Rosatom. Ces transferts bénéficient directement aux programmes de construction de réacteurs de Rosatom, que ce soit en Russie ou sur des marchés tiers, comme les projets de Hanhikivi-1 en Finlande (avant son annulation) ou de Belene en Bulgarie.   

Le caractère problématique de rosatom

 

La poursuite de cette coopération est rendue indéfendable par la nature même de Rosatom, qui est loin d’être un partenaire commercial ordinaire. Il est la propriété du gouvernement russe.

  • Une émanation de l’État Russe : Rosatom n’est pas une entreprise privée mais une corporation d’État, entièrement détenue par la Fédération de Russie. Elle chapeaute l’ensemble de la filière nucléaire du pays, civile comme militaire. Comme le souligne un rapport de Greenpeace, « tout commerce avec Rosatom est un commerce avec l’État russe ».   Il faut savoir que le reportage d’Arte dit que la Russie finance et paie la centrale nucléaire et se rembourse sur le courant vendu. Ici, on se demande comment on peut avoir un tel avantage pour une construction du central nucléaire. Il y a un loup.
  • Complicité dans l’agression contre l’Ukraine : Des employés de Rosatom ont été directement impliqués dans la prise de contrôle illégale et l’occupation militaire de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cette action, en plus de créer un risque sans précédent de catastrophe nucléaire, s’est accompagnée de violations des droits humains à l’encontre du personnel ukrainien de la centrale, incluant des actes de torture.   
  • Intégration au complexe militaro-industriel : Rosatom est une pièce maîtresse de l’appareil de défense russe. L’entreprise est impliquée dans la production d’armes nucléaires, de réacteurs pour sous-marins et, plus directement en lien avec le conflit en Ukraine, dans la fourniture de matériaux stratégiques. Sa filiale Umatex fournit la fibre de carbone, un composant essentiel, pour la fabrication des drones kamikazes Shahed-136 utilisés pour frapper les villes ukrainiennes.   

Ainsi, la coopération entre Framatome et Rosatom ne se limite pas à un partenariat commercial. Elle revient à transférer des technologies et des savoir-faire de pointe à une entité qui est un instrument direct du pouvoir du Kremlin, complice de crimes de guerre et acteur du complexe militaro-industriel russe.

Il faut que la France se lance avec ses partenaires de l’Union Européen dans une technologie Européen. On peut se demander aussi aujourd’hui si l’Allemagne n’a pas été manipuler pour arrêté le nucléaire et les écologistes pour devenir dépend envers le marché du gaz russe.

 

Les chaînes de la dépendance : cartographie de la vulnérabilité nucléaire européenne

 

La dépendance de l’Union européenne vis-à-vis de la filière nucléaire russe est systémique et multi-niveaux. Elle ne se limite pas à un seul produit, mais s’étend sur l’ensemble du cycle du combustible, créant des vulnérabilités stratégiques à chaque étape. Le tableau suivant, basé sur des données de 2023 et 2024, quantifie cette dépendance critique.

Étape du Cycle Part de la Russie dans l’approvisionnement de l’UE Volume / Valeur (2023/2024) Niveau de Dépendance Stratégique
Uranium Naturel 23% 3 419 tonnes (tU) Élevée
Services de Conversion 27% 3 543 tU Élevée
Uranium Enrichi 38% 4 647 tSW Critique
Assemblages de Combustible (VVER) ~100% pour 19 réacteurs 573 tonnes importées Totale (Verrouillage Technologique)
Valeur totale des importations (2024) N/A > 700 millions € Significative

 

Analyse Détaillée des Dépendances

 

  • L’amont du cycle (Uranium naturel et conversion) : Bien que des fournisseurs alternatifs existent pour l’uranium naturel et les services de conversion, la part de la Russie reste significative. L’Europe est entièrement dépendante des importations pour son uranium brut. De plus, une part importante de l’approvisionnement mondial provient de pays comme le Kazakhstan, dont la production est souvent co-détenue par Rosatom et dont la quasi-totalité des exportations vers l’Europe doit transiter physiquement par le territoire russe, créant un point d’étranglement logistique et géopolitique majeur.   L’Europe ne doit-elle pas financer une démocratisation, des écoles et hôpitaux dans des pays africains en échange de l’Uranium. Il faut trouver une nouvelle solution pour extraire et faire bénéficier la population de la richesse. Aujourd’hui, nous parlons de guerre, il faut un autre raisonnement.
  • Le cœur du cycle (Enrichissement) : La dépendance de 38 % envers la Russie pour l’uranium enrichi constitue une vulnérabilité majeure. La France et l’Allemagne sont les principaux importateurs de ce produit hautement technologique. Le marché de l’enrichissement est un oligopole mondial, avec un nombre très limité d’acteurs capables de fournir les quantités et les niveaux d’enrichissement requis par les parcs nucléaires occidentaux. La France doit augmenter ses usines pour enrichir l’Uranium et utiliser l’épargne des français pour développer de nouvelles usines.
  • L’aval du cycle (Combustible VVER) : C’est ici que la dépendance est la plus aiguë. Dix-neuf réacteurs en service dans l’UE (en Bulgarie, République tchèque, Finlande, Hongrie et Slovaquie) sont de conception soviétique VVER. Historiquement, ces réacteurs ont été exclusivement alimentés par des assemblages de combustible fournis par TVEL, une filiale de Rosatom. Il s’agit d’un véritable verrouillage technologique, car le combustible est spécifique à chaque type de réacteur et ne peut être substitué sans un long et complexe processus de développement et de certification.   

Cette dépendance n’est pas seulement une question technique ou commerciale ; elle est activement utilisée par la Russie comme un instrument de pression politique. Les flux financiers, bien que significatifs avec plus de 700 millions d’euros versés en 2024, ne représentent qu’une partie du problème. Le coût le plus élevé est politique. En maintenant ces liens de dépendance, le Kremlin peut cultiver des relations bilatérales privilégiées avec certains États membres, les utilisant pour saper l’unité européenne et bloquer des décisions de politique étrangère communes. L’exemple le plus flagrant est celui de la Hongrie, où Rosatom construit la nouvelle centrale de Paks II. Cette dépendance est directement corrélée au blocage systématique par Budapest des sanctions européennes visant le secteur nucléaire russe. La dépendance nucléaire devient ainsi un vecteur de guerre politique, affaiblissant de l’intérieur le front uni que le président Macron cherche à construire.

Maintenant on peut se poser la question sur l’extrême droite et sa vision du monde.

  • Une petite aparté, comme vous le voyez le Portugal va avoir son deuxième année avec un budget excédentaire, alors que les pays gouverné par l’extrême droite, l’économie et la vie n’est pas meilleur sans parler de la liberté de la Presse. Chaque gouvernement devrait avoir peur du peuple et non l’inverse. La démocratie et le pouvoir du peuple pour le peuple. Il est bon que chaque relise ou lise la démocratie en Amérique de Tocqueville.

 

Vers la souveraineté nucléaire : stratégies de diversification et d’investissement

 

Sortir de l’ornière de la dépendance nucléaire russe est un impératif stratégique pour l’Europe. Cela exige une approche multidimensionnelle, combinant des solutions technologiques à court terme, la diversification des approvisionnements à moyen terme et des investissements massifs pour bâtir une filière européenne intégrée et souveraine à long terme.

 

Remplacer le Combustible VVER : La Course entre Westinghouse et Framatome

 

La résolution du verrouillage technologique des 19 réacteurs VVER européens est la priorité la plus urgente. Cela passe par le développement, la qualification et la certification d’un combustible alternatif par des fournisseurs occidentaux, un processus techniquement complexe et long.   

  • La solution américaine (Westinghouse) : L’entreprise américaine Westinghouse est actuellement le seul fournisseur alternatif viable et opérationnel. Forte de son expérience en Ukraine où elle a déjà remplacé le combustible russe, elle a signé des contrats de livraison avec la Bulgarie et la République tchèque pour leurs réacteurs VVER-1000 et VVER-440. Cet effort est soutenu financièrement par l’Union européenne à travers le projet APIS (Accelerated Program for Implementation of Secure VVER Fuel Supply), que Westinghouse dirige.   
  • L’alternative européenne (Framatome) : La France, via Framatome, n’est pas en reste et développe sa propre solution de combustible pour les réacteurs VVER. Ce projet, baptisé SAVE (Safe and Alternative VVER European), bénéficie également d’un soutien de l’UE. Cependant, le calendrier de Framatome est plus lointain, avec des premières livraisons commerciales qui ne sont pas attendues avant 2028-2030.   

Ce double développement, loin d’être une simple coopération technique, a ouvert un nouvel espace de compétition géopolitique. Le démantèlement du monopole russe a créé un vide que les États-Unis et la France cherchent à combler. Pour les pays d’Europe centrale et orientale concernés, le choix d’un futur fournisseur n’est donc pas seulement technique ou économique ; c’est une décision stratégique fondamentale sur leur alignement futur. Opter pour Westinghouse renforcerait les liens industriels et technologiques transatlantiques, tandis que choisir Framatome (lorsque sa solution sera disponible) contribuerait à l’émergence d’une filière européenne plus autonome. Le risque, explicitement souligné par certains analystes, est de passer d’un monopole russe à un monopole américain, ce qui ne ferait que déplacer le problème de la dépendance stratégique et exposerait l’Europe à d’éventuelles sanctions extraterritoriales américaines.   

 

Sécuriser l’amont du cycle : alternatives pour l’uranium et l’enrichissement

 

Parallèlement à la question du combustible VVER, l’Europe doit sécuriser l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement.

  • Diversification des fournisseurs d’enrichissement : Pour réduire la dépendance critique de 38 % envers l’uranium enrichi russe, l’Europe peut s’appuyer sur ses propres champions industriels. Le consortium européen Urenco (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas) et l’entreprise française Orano disposent d’importantes capacités d’enrichissement qui pourraient être étendues pour répondre à la demande.   
  • Partenariats pour l’uranium naturel : La stratégie doit inclure le renforcement des partenariats avec des pays producteurs d’uranium stables et alliés, tels que le Canada, l’Australie et la Namibie. Cela permettrait de diversifier les sources d’approvisionnement et de réduire l’exposition aux routes logistiques contrôlées par la Russie.   
  • Développement du recyclage : Enfin, la France dispose d’une expertise unique dans le traitement et le recyclage des combustibles usés. Le développement de combustibles recyclés comme le MOX (mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium) et l’URE (uranium de retraitement enrichi) permet de réduire significativement les besoins en uranium naturel et de renforcer la souveraineté du cycle.   

 

Un Investissement pour l’Avenir : Bâtir une Filière Européenne Intégrée

 

La sortie de la dépendance ne pourra être complète sans une vision politique et des investissements à long terme.

  • Cadres politiques favorables : Des initiatives comme le plan REPowerEU de la Commission européenne, qui vise explicitement à diversifier les approvisionnements énergétiques pour s’affranchir de la Russie, fournissent le cadre politique nécessaire. La reconnaissance renouvelée du rôle du nucléaire dans l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de l’UE crée un climat propice aux investissements dans la filière.   
  • Des investissements massifs : Atteindre une pleine souveraineté sur l’ensemble du cycle du combustible nucléaire exigera des investissements coordonnés à l’échelle européenne se chiffrant en centaines de milliards d’euros. Ces investissements devront couvrir l’exploration et l’extraction minière, la conversion, l’augmentation des capacités d’enrichissement et la fabrication de combustible.   
  • L’autonomie stratégique comme finalité : Cet effort industriel doit être compris comme la traduction concrète de l’ambition d’autonomie stratégique européenne. La souveraineté énergétique est le socle de la souveraineté politique et militaire. À plus long terme, ce débat sur la souveraineté industrielle pourrait même s’étendre à des questions de défense plus fondamentales, comme en témoignent les discussions naissantes sur une possible « européanisation » de la dissuasion nucléaire française, bien que cette perspective reste complexe et lointaine.   

 

Réaligner la Parole et les Actes : Pour une Cohérence Stratégique Française et Européenne

 

L’analyse de la posture française face à la Russie révèle un fossé béant entre une rhétorique de fermeté, incarnée par la menace de faire « payer le prix » au Kremlin, et une réalité industrielle marquée par une dépendance stratégique et une coopération continue avec Rosatom, un instrument clé du pouvoir russe. Cette incohérence n’est pas soutenable. Elle affaiblit fondamentalement la crédibilité de la politique étrangère de la France et, par extension, celle de l’Union européenne. Une menace n’a de poids que si l’adversaire est convaincu que celui qui la profère a la volonté et la capacité d’en assumer les conséquences. Or, la dépendance envers la Russie dans un secteur aussi critique que le nucléaire sape cette crédibilité à la racine.

Le chemin vers une véritable souveraineté est exigeant. Il requiert bien plus que des discours volontaristes. Il impose la volonté politique d’accepter les coûts à court terme d’un découplage industriel, de mobiliser des investissements massifs et coordonnés sur le long terme pour bâtir une filière européenne résiliente, et de faire des choix stratégiques clairs concernant les futurs partenariats technologiques, notamment dans la course pour remplacer le combustible VVER.

Pour la France, réaligner ses actes industriels sur ses ambitions politiques n’est pas seulement une question de sécurité énergétique. C’est un impératif de cohérence stratégique. C’est la condition essentielle pour que sa parole porte à nouveau sur la scène internationale et pour que le projet d’une Europe puissance, capable de défendre ses intérêts et ses valeurs en toute autonomie, puisse devenir une réalité. La crédibilité se construit par les actes, et c’est par la reconquête de sa souveraineté industrielle que la France pourra donner corps à ses ambitions géopolitiques.