Objectif 2030 : Le Brésil vise l’autosuffisance pour sa production de cacao
L’Organisation Internationale du Cacao (ICCO) estime que le Brésil pourrait atteindre la quasi-autosuffisance en cacao d’ici 2030. Cette perspective positive est soutenue par l’anticipation de conditions météorologiques plus favorables, permettant une croissance constante de la production au fil des prochaines années.
Partant d’une récolte actuelle de 180 800 tonnes, l’ambition est d’augmenter la production à près de 300 000 tonnes au cours des prochaines campagnes. Ce volume permettrait de couvrir la demande estimée de l’industrie de transformation nationale.
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Les leviers de la croissance brésilienne
La filière brésilienne doit certes encore gérer des défis phytosanitaires majeurs. Il s’agit notamment de la maladie du “balai de sorcière”, un champignon qui a dévasté les cultures à la fin des années 1980, et de la surveillance constante de la moniliose du cacaoyer, une autre menace en Amérique latine.
Cependant, la confiance dans la croissance de la production repose sur plusieurs atouts stratégiques :
- Le soutien public dans des États producteurs clés comme Bahia et le Pará.
- Un savoir-faire reconnu des agriculteurs, jugés relativement bien formés.
- La qualité du matériel génétique et du parc de cacaoyers existant.
Dans ce contexte, l’importation de cacao par le Brésil semble être une anomalie qui pourrait prendre fin, avec une expansion visible de la production attendue d’ici deux à trois ans. Des investissements à moyen terme dans de nouvelles zones de culture irriguées sont également envisagés, que ce soit en Amazonie (Pará) ou dans de nouveaux territoires agricoles, comme la région de São José do Rio Preto (SP).
Arnaud Sion, explique depuis 2023n que le Brésil va devenir le futur leader de la vanille et du Cacao, Espirito Santo, nous fait le même coup qu’avec le poivre noir, en 10 ans il va devenir le leader de l’exportation du cacao.
Cette tendance est d’ailleurs appuyée par les prévisions de la société de conseil StoneX. Pour la campagne 2025/26, StoneX table sur une récolte brésilienne de 215 000 tonnes. Cette hausse serait tirée par une météo plus clémente et une expansion notable de 5 % des surfaces cultivées dans l’État du Pará, moteur des futures récoltes.

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Marché mondial : Tensions sur l’offre et destruction de la demande
L’ICCO souligne toutefois que la nervosité persistera sur le marché mondial l’an prochain. Cette fébrilité date de la campagne 2022/23, lorsque l’effondrement des récoltes en Afrique de l’Ouest (Ghana et Côte d’Ivoire), les deux principaux producteurs mondiaux, avait déclenché une flambée historique des prix, qui ont quadruplé.
L’analyse de l’organisation révèle un point crucial : la réduction récente du déficit mondial n’est pas due à une amélioration de l’offre, mais plutôt à une destruction de la demande. La répercussion des prix exorbitants aux consommateurs a entraîné une baisse significative de la consommation.
En parallèle, d’autres pays producteurs augmentent leurs volumes, venant compenser en partie les pertes ouest-africaines. Le Brésil, le Cameroun, le Nigeria et surtout l’Équateur sont en pleine expansion. L’Équateur, en particulier, devrait connaître une croissance spectaculaire de 38 % de sa production (pour atteindre 580 000 tonnes), selon les estimations de StoneX.
Les défis structurels de l’Afrique de l’Ouest
Les deux géants ouest-africains, qui assurent la moitié de l’offre mondiale, font face à des obstacles majeurs expliquant la baisse attendue de leur prochaine récolte. Quatre facteurs sont identifiés :
- Des changements dans le régime des pluies (pluviométrie erratique).
- La maladie du virus de l’enflure des rameaux (CSSV), qui affecterait 30 % des plantations.
- Le vieillissement avancé des vergers.
- Le vieillissement des agriculteurs, avec un problème aigu de succession générationnelle.
La faible rentabilité de la cacaoculture a longtemps découragé les jeunes générations. L’augmentation récente des cours pourrait cependant changer la donne. Il est noté qu’une plantation de cacao est désormais jugée rentable, ce qui n’était pas le cas il y a trois ans, ravivant potentiellement l’intérêt pour la filière.
Stabilisation et alternatives
Selon l’analyse de l’ICCO, une stabilisation durable du marché nécessiterait une double condition : une reprise significative de la production en Afrique de l’Ouest d’ici 2026/27 et un rebond simultané de la consommation en Europe et en Amérique du Nord.
Il est souligné qu’un retour aux niveaux de prix historiquement bas serait “désastreux” pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Un consensus semble émerger dans le secteur, y compris chez les grands industriels, pour maintenir des prix plus élevés, jugés plus “sains” et plus durables pour les producteurs.
L’ICCO doit publier ses estimations affinées pour la prochaine campagne en mars. L’organisation prévient que si les conditions d’une reprise de l’offre mondiale sont “réunies”, elles demeurent “hypothétiques” et difficiles à prévoir, même à un horizon de six mois.
La montée en puissance des substituts
Face à ces prix élevés, l’utilisation de substituts au cacao s’accélère, au Brésil (avec des produits à base d’arachide) comme ailleurs.
Cette tendance mondiale n’est pas nouvelle, l’industrie testant des alternatives au beurre de cacao depuis les années 1970. La réglementation européenne, par exemple, limite à 5 % l’ajout d’huiles végétales autres que le cacao pour qu’un produit conserve l’appellation “chocolat”.
Des “composés de chocolat”, utilisant des graisses végétales moins coûteuses, se répandent rapidement, surtout dans les pays à faible revenu. La recherche explore même des substituts complets au licor de cacao (utilisant de la caroube, des céréales) ou la création de “cacao artificiel” en laboratoire. Bien que ces innovations ne soient pas attendues à grande échelle à court terme, leur potentiel à long terme reste une inconnue pour l’industrie.

