IA Miracle ou menace

SAISON 12 / EPISODE 3

Dans le tourbillon des révolutions technologiques nous allons vous éclairer sur l’IA, son fonctionnement, ses coulisses. Mais une question brûlante s’impose : allons-nous assister à la fin des métiers traditionnels ? Comment fonctionne concrètement l’IA ?

Alors que l’intelligence artificielle s’installe dans nos vies au quotidien partout et pour tout, elle bouscule aussi nos habitudes de travail et redessine le paysage de l’emploi. Mais s’agit-il d’une menace ou d’une chance ?

Certains redoutent une disparition massive des professions historiques, remplacées par des algorithmes et des machines toujours plus performantes. Chauffeurs, comptables, journalistes, artisans… quels métiers risquent réellement de disparaître ?

D’autres y voient une formidable opportunité : celle de créer de nouveaux emplois, de libérer les humains des tâches répétitives et de valoriser leur créativité. Mais encore faut-il savoir quels métiers émergent grâce à l’IA et comment s’y préparer.

Cette révolution soulève aussi des enjeux sociaux et éthiques majeurs : fracture numérique, chômage, reconversion professionnelle, formation des jeunes générations… Sommes-nous prêts à affronter ce bouleversement ?

L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’emploi… ou simplement le transformer ?

C’est ce vendredi 28 novembre 2025 dans Faut qu’on en parle !

Les invités de l’émission :

  • Rémy CHAPUT – Enseignant à CPE Lyon, chercheur au LIRIS, membre du Collège Humanité, Société et IA à l’AFIA, docteur en Intelligence Artificielle, spécialiste de l’éthique computationnelle
  • Pierre BALDY – Doctorant en droit du travail au sein de l’école de droit social de Montpellier sur le sujet “Intelligence artificielle et relations de travail”, membre du collège Humanité, société et IA de l’ Association Française pour l’intelligence artificielle
  • Jean-François FOUCARD – Secrétaire National Parcours professionnel à la CFE CGC
  • Serge ABITEBOUL – informaticien chercheur à l’ENS Paris et directeur de recherche émérite à l’Inria
  • Julian LUNEAU – Fondateur de The French BOT

Les chiffres sur l’émission “IA : miracle ou menace ?”

L’intelligence artificielle, on en parle partout… Mais concrètement, quelle place elle prend aujourd’hui dans nos vies ?

Elle est devenue omniprésente, Mylène. En 2025, le marché mondial de l’IA pèse près de 758 milliards de dollars, c’est colossal. En à peine cinq ans, il a plus que doublé. Et surtout, près de 80 % des entreprises dans le monde utilisent désormais l’IA d’une manière ou d’une autre — pour automatiser, créer ou analyser.

Donc, on n’est plus du tout dans la science-fiction ! Mais est-ce que ce sont seulement les grandes entreprises qui s’y mettent ?

Pas du tout. L’IA s’est démocratisée. Les petites structures s’y mettent aussi, notamment avec les outils d’IA générative comme ChatGPT ou Midjourney. On estime qu’il y a aujourd’hui plus de 370 millions d’utilisateurs réguliers de ces outils dans le monde. Et ça va continuer à exploser dans les prochaines années.

Impressionnant ! Et du côté des dirigeants, ils en pensent quoi ? C’est une tendance de fond ou un effet de mode ?

Clairement une tendance de fond. 92 % des dirigeants disent vouloir augmenter leurs investissements en IA d’ici trois ans. Pour eux, c’est un levier de compétitivité incontournable. L’IA aide à gagner du temps, à réduire les coûts, mais aussi à innover plus vite.

Mais ça ne pose pas aussi des questions d’éthique, de données personnelles, voire d’emploi ?

Bien sûr. C’est l’autre face de la médaille. L’IA bouleverse le monde du travail, et certains métiers sont directement impactés. Il y a aussi des enjeux de protection des données, de désinformation et même de biais algorithmiques. C’est pour ça qu’on parle de plus en plus d’une IA “responsable”.

On entend souvent dire que l’intelligence artificielle va détruire des emplois… c’est une réalité ou un mythe ?

C’est bien réel, Mylène. Selon le Forum économique mondial, près de 85 millions d’emplois pourraient disparaître d’ici 2025 à cause de l’automatisation et de l’IA. Les plus touchés : les métiers administratifs, la comptabilité, la saisie de données ou encore certains postes dans l’industrie.

Mais tout n’est pas si sombre ! Est-ce que l’IA crée aussi de nouveaux métiers ?

Oui, heureusement ! Le même rapport prévoit 97 millions de nouveaux postes liés à l’IA et à la technologie. On parle de prompt engineer, de spécialistes en cybersécurité, d’analystes de données, ou encore de superviseurs d’algorithmes. En clair, l’emploi se transforme plus qu’il ne disparaît.

Et en France, ça avance aussi vite ?

Oui, la France suit le mouvement. D’après France Stratégie, près d’un emploi sur deux verra ses tâches profondément modifiées par l’intelligence artificielle d’ici dix ans. Et déjà, une entreprise sur trois forme ses salariés à de nouveaux outils IA.

On parle beaucoup des performances de l’intelligence artificielle, mais ses limites éthiques, on en est où ?

Elles deviennent un vrai sujet de société. En 2025, près de 68 % des citoyens européens disent craindre que l’IA soit utilisée pour surveiller ou manipuler les comportements, selon une étude de la Commission européenne. Et 70 % estiment que l’IA devrait être réglementée plus strictement.

Et sur la question des données personnelles, est-ce qu’on est protégés ?

Pas toujours. Près de 6 entreprises sur 10 reconnaissent encore ne pas savoir précisément comment leurs algorithmes utilisent les données des utilisateurs. Et dans le monde, plus de 1,4 milliard de personnes seraient déjà concernées par des fuites ou réutilisations de données liées à l’IA.

Et l’impact social ? Certains craignent que l’IA accentue les inégalités…

C’est une vraie inquiétude. Le Programme de nations unies estime que les pays les plus avancés en IA pourraient capter 70 % des bénéfices économiques mondiaux d’ici 2030. Autrement dit, le fossé entre les pays riches et pauvres risques de s’accentuer. Même chose à l’intérieur des pays : les emplois qualifiés profitent, les autres se fragilisent.

Pour écouter les coulisses de l’émission et la suite avec nos invités, c’est ici !

Pour aller plus loin

L’intelligence artificielle ne se résume plus à des robots futuristes ou à des assistants vocaux. Aujourd’hui, elle analyse nos habitudes, écrit des textes, compose de la musique, et prend même des décisions dans les entreprises. Mais que signifie réellement cette révolution ?

L’IA, comment ça marche ?

Au cœur de l’intelligence artificielle, on trouve des algorithmes d’apprentissage automatique, capables de traiter des millions de données pour repérer des modèles, anticiper des comportements ou proposer des solutions. C’est ce qu’on appelle le machine learning. Par exemple, un logiciel de recrutement peut apprendre à repérer les meilleurs profils en analysant des milliers de CV, tandis qu’un médecin s’appuie sur l’IA pour détecter des anomalies sur des scanners avec une précision parfois supérieure à celle d’un œil humain.

Faut-il craindre une disparition massive des métiers ?

Pas forcément. Si certains emplois sont menacés par l’automatisation — comptabilité, logistique, transport, tâches répétitives — l’IA crée aussi de nouveaux besoins : maintenance des systèmes intelligents, analyse de données, cybersécurité, formation, design d’interfaces… Selon plusieurs études, près de 60 % des métiers de demain n’existent pas encore. L’enjeu est donc moins de disparaître que de s’adapter.

Comment se préparer à ce nouveau monde du travail ?

La clé réside dans le développement de compétences humaines que la machine ne peut pas remplacer : créativité, empathie, sens critique, communication et adaptabilité. Les métiers mêlant technologie et contact humain — enseignants, soignants, créateurs, ingénieurs, artisans innovants — ont encore un avenir solide. L’IA ne remplace pas la passion ni le jugement humain : elle les complète.

Et sur le plan éthique ?

C’est sans doute le plus grand défi. Comment garantir que les intelligences artificielles respectent nos valeurs ? Qu’elles ne reproduisent pas les biais humains ou ne deviennent pas des outils de surveillance ? De plus en plus d’experts appellent à une régulation mondiale, pour que l’IA reste au service de l’homme, et non l’inverse.

L’intelligence artificielle transforme notre monde à une vitesse vertigineuse. Elle pose des questions fondamentales : sur notre place, notre avenir, notre rapport au travail et à la connaissance.
Mais elle ouvre aussi un champ immense d’opportunités, à condition de l’aborder avec lucidité, curiosité et responsabilité.