Que faire à Avignon le week-end du 21 au 23 novembre

 

C’est une période étrange, presque confidentielle. Les feuilles de platanes jonchent encore la Place de l’Horloge, le Mistral commence à mordre les chevilles, mais les illuminations de Noël dorment encore dans les cartons municipaux. Pour le voyageur qui pose ses valises à Avignon du 21 au 23 novembre 2025, la ville offre un visage double, un clair-obscur saisissant. D’un côté, une effervescence culturelle de haute volée qui fait vibrer les murs séculaires ; de l’autre, un silence festif qui oblige à regarder au-delà des remparts pour trouver la chaleur de l’Avent. Plongée au cœur d’un week-end hybride, où l’on passe sans transition de la naissance de l’Opéra au premier vin chaud des Alpilles.

Il y a deux façons de visiter Avignon en novembre. La première consiste à subir la grisaille, à errer rue de la République en cherchant désespérément un chalet de Noël qui n’ouvrira que le 28 du mois. La seconde, celle que nous vous proposons, est une partie d’échecs stratégique contre l’ennui, un itinéraire cousu main qui transforme ce “creux” calendaire en un sommet d’art de vivre. Car si la ville retient son souffle avant les fêtes, ses institutions culturelles, elles, sont en pleine apnée créative.

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Le vendredi soir, ou le sacre du Baroque

 

Dès le vendredi 21 novembre, le ton est donné. Oubliez la flânerie insouciante de l’été ; l’Avignon de novembre est une ville d’intérieurs, de velours rouge et de dorures. Le cœur battant de ce vendredi soir se situe Place de l’Horloge, derrière la façade XIXe siècle de l’Opéra Grand Avignon.

L’institution frappe un grand coup en programmant, précisément pour ce week-end, l’œuvre fondatrice de tout l’art lyrique : L’Orfeo de Claudio Monteverdi. On dit que c’est le commencement de l’Opéra et c’est Verdi avec Othello qui va le ferme. Mais ici cela sera un autre reportage.

Je suis un grand amateur d’Hervé niquet, des Arts Florissants et surtout de Jean Claude Magloire qui est décédé et qui était le créateur de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, un petit Atelier Lyrique qui a fait le meilleur enregistrement de Agrippine de Haendel.

Alors ici, ce n’est pas anodin, d’aller voir un Opéra qui est le commencement de l’art Lyrique. Entendre la favola in musica de 1607 dans une cité papale chargée d’histoire a quelque chose de mystique.

Je vous conseil d’écouter à 2 minutes 45 secondes pour comprendre toute la beauté de cet opéra et pourquoi il n’est pas qu’un simple opéra.

La production, qui se joue à guichets fermés (ou presque, il reste quelques places si vous souhaitez), promet de revisiter ce mythe d’Orphée descendant aux Enfers avec une acuité moderne. Pour le mélomane, c’est une aubaine : Avignon n’est pas ici une simple étape de tournée, mais un centre de production qui rivalise avec les grandes scènes nationales.   

Mais l’Opéra n’a pas le monopole de la musique ce soir-là.

Pour ceux que le lyrique intimide, une alternative plus intimiste se dessine rue du Roi René. Le Théâtre des Halles, habituellement temple du texte dramatique, s’ouvre à la musique de chambre avec l’événement “L’Orchestre s’éclate en ville”. Ce vendredi 21 à 20h, c’est le Quatuor Mistral qui investit les lieux. Imaginez : quatre musiciens de l’Orchestre National Avignon-Provence (Pauline Dangleterre, Marie-Anne Morgant, Louise Mercier et Louise Rosbach) accompagnés du slameur Dizzylez, qui viennent dépoussiérer Haydn dans l’écrin brut d’un ancien cloître. C’est cela, la signature culturelle d’Avignon en 2025 : un dialogue permanent entre le patrimoine sacré et la création urbaine.

Le Samedi, vertige contemporain au Palais

 

Le lendemain matin, le ciel bas de novembre invite à se réfugier dans l’histoire.

Mais le Palais des Papes, ce colosse de pierre qui écrase la ville de sa superbe, a décidé de ne plus être seulement un musée de la papauté. En franchissant le seuil de la Grande Audience, le visiteur est cueilli à froid par le choc esthétique de l’année : l’exposition Cosmos.

Que faire ce week-end à Avignon du 18 au 19 octobre

Que faire ce week-end à Avignon du 18 au 19 octobre

Jean-Michel Othoniel, le sculpteur qui a fait du verre soufflé son langage universel, y a installé une constellation onirique. Il faut prendre le temps d’observer ce contraste. Les murs austères, témoins des schismes et des intrigues du XIVe siècle, servent d’écrin à des œuvres d’une fragilité déconcertante. Ici, ce sont des “briques” de verre bleu indien qui forment des tumulus futuristes ; là, la “Couronne de la Nuit” semble flotter dans la pénombre du Grand Tinel. L’exposition ne se contente pas d’occuper l’espace, elle le révèle. La lumière d’automne, rasante, traverse les perles de verre et projette sur les dalles médiévales des spectres colorés qui changent au fil des heures. C’est une visite qui demande de la lenteur, une méditation visuelle parfaite pour un samedi matin.

Le fil rouge d’Othoniel ne s’arrête pas aux remparts du Palais. Il court à travers la ville, tel un jeu de piste pour esthètes, jusqu’à l’Hôtel de Caumont qui abrite la Collection Lambert. Là, l’exposition Un chant d’amour prolonge l’expérience. Si le Palais joue sur le monumental, la Collection Lambert joue sur l’intime et le dialogue avec l’art minimaliste et conceptuel (Sol LeWitt, Nan Goldin). En ce mois de novembre, le musée propose aussi une découverte singulière : la première grande exposition monographique de Constantin Nitsche, un peintre allemand installé à Marseille, dont les toiles apportent une touche de poésie figurative bienvenue.   

L’Intermède Théâtral : La voix des femmes

 

Alors que la nuit tombe vite — il fait nuit noire dès 17h30 — le samedi soir offre une opportunité théâtrale rare, loin des sentiers battus du “Off” estival. Direction le Théâtre du Balcon, rue du 58e Régiment d’Infanterie. Ce théâtre permanent, véritable poumon de la création locale, présente ce week-end-là Au pas de course.   

C’est une pièce de Serge Barbuscia, figure tutélaire du théâtre avignonnais, interprétée par la comédienne Camille Carraz. Seule en scène, elle incarne sept femmes, sept destins qui courent après le temps, la liberté ou la reconnaissance. Des talons aiguilles aux baskets, la chaussure devient ici le prisme par lequel on lit la condition féminine. C’est un théâtre de texte, exigeant et émouvant, qui résonne particulièrement fort dans l’intimité d’une salle chauffée, alors que le froid s’installe dehors. C’est aussi la preuve que le théâtre à Avignon ne s’arrête jamais, même au cœur de l’automne.

Le Dimanche, l’appel du Sud et le paradoxe de Noël

 

C’est ici que notre enquête prend une tournure logistique critique. Le dimanche matin, le visiteur naïf pourrait être tenté de chercher l’esprit de Noël dans les rues d’Avignon. Il n’y trouvera que des vitrines en préparation. Le marché de Noël de la ville, avec ses chalets et ses santonniers, n’ouvre que le vendredi suivant. Pour trouver l’odeur de la cannelle et du vin chaud ce 23 novembre, il faut commettre une infidélité à la Cité des Papes. Il faut franchir la Durance.

Eyragues et Saint-Rémy : L’avant-garde de l’Avent

 

À une quinzaine de kilomètres au sud, la Provence rurale n’attend pas le calendrier officiel. Le village d’Eyragues est en ébullition avec son marché de Noël « Sian Irago », installé dans le Parc des Poètes. Ce n’est pas une pâle copie commerciale ; c’est une fête de village au sens noble. 70 exposants, artisans pour la plupart, occupent le terrain. On y trouve une patinoire — incongrue sous les platanes mais ravissante pour les enfants — et surtout une ambiance que la ville a perdue : celle de la proximité.   

Plus chic, plus gastronomique aussi, Saint-Rémy-de-Provence lance ce même dimanche sa “Foire Gourmande”. Ici, on ne plaisante pas avec la table de fête. C’est le moment idéal pour acheter l’huile d’olive nouvelle de la Vallée des Baux, les truffes noires (si la saison le permet) et les foies gras artisanaux. C’est un marché de bouche, un marché de “gueule”, où l’on goûte, on discute, on négocie.

Mais attention au piège : Rejoindre cette terre promise dominicale relève du défi si vous êtes piéton. Nos recherches sont formelles : les bus régionaux (ZOU ligne 57) sont faméliques le dimanche. Avec un départ d’Avignon à 9h00 et un retour incertain en fin d’après-midi, vous risquez de passer plus de temps à l’arrêt de bus qu’à déguster des calissons. Le conseil de la rédaction est sans appel : louez une voiture pour la journée (environ 40€) ou partagez un VTC. La liberté de pouvoir remplir le coffre de provisions à Saint-Rémy et de revenir à Avignon pour le thé de 17h n’a pas de prix.   

L’Art de Vivre, ou le refuge “So British”

 

De retour à Avignon, fourbus mais ravis, où se poser pour clore ce week-end? La ville cache en son sein des refuges “cosy” insoupçonnés. Si La Mirande reste le sommet de l’élégance pour un thé au coin du feu (littéralement, la cheminée y est souvent allumée en novembre), une autre adresse mérite le détour pour son ambiance singulière : Simple Simon, rue Petite Fusterie.

C’est une anomalie temporelle et géographique. Un salon de thé anglais, “so British”, niché dans une ruelle provençale. Avec ses murs patinés, sa collection de théières et ses scones servis tièdes avec de la clotted cream et de la confiture de fraise, c’est le lieu le plus réconfortant de la ville un dimanche pluvieux. Le contraste entre les pierres médiévales du dehors et cette ambiance victorienne du dedans est délicieux. On y parle bas, on y prend le temps, loin de la fureur du monde.

Pour les lève-tard du dimanche, le brunch est devenu une institution avignonnaise qui supplante le déjeuner dominical traditionnel. Le Cloître Saint-Louis, avec son mélange d’architecture jésuite du XVIIe siècle et d’extensions modernes signées Jean Nouvel, offre un cadre spectaculaire pour des œufs brouillés. Plus urbain, plus jeune, le Café Roma rue des Escaliers Sainte-Anne propose une alternative vibrante pour ceux qui veulent sentir le pouls de la jeunesse avignonnaise.

Que retenir est nos bons plans faut qu’on en parle

 

Alors, que retenir de ce week-end du 21 au 23 novembre? Qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Avignon en novembre n’est pas une ville endormie, c’est une ville qui change de peau.

C’est un moment de bascule. Vous viendrez pour écouter les premières notes de l’histoire de l’opéra avec Monteverdi. Vous resterez pour voir comment le verre contemporain d’Othoniel réveille les fantômes du Palais. Et vous partirez, le coffre chargé de trésors gourmands glanés dans les Alpilles, avec le sentiment d’avoir vécu deux saisons en trois jours : l’automne culturel et l’hiver festif.

À une heure où les foules de juillet ne sont qu’un lointain souvenir, Avignon s’offre à ceux qui savent chercher. Et c’est peut-être là, dans ce calme trompeur, que la Cité des Papes est la plus belle.

Carnet Pratique du Week-end

 

S’y rendre & Se déplacer

  • Train : Avignon TGV est à 2h40 de Paris. Navette “virgule” vers le centre-ville en 5 min.

  • Voiture : Indispensable pour le dimanche si vous visez Eyragues/St Rémy. Location possible en gare TGV.

  • Stationnement : Privilégiez le Parking de l’Oulle (gratuit navette ou marche) ou le Parking du Palais (payant, central).

Les Incontournables (Réservations impératives)

  1. Opéra Grand Avignon : L’Orfeo, ven 21 (20h) et dim 23 (15h). Tarifs : 12€ à 75€.

  2. Théâtre du Balcon : Au pas de course, ven 21 et sam 22 à 20h, dim 23 à 16h.

  3. Palais des Papes : Expo Cosmos. Billet jumelé Palais + Jardins recommandé (17€).

La Météo Prévoyez le “kit novembre” : manteau coupe-vent (le Mistral est traître dans les rues étroites), écharpe, mais lunettes de soleil. La lumière d’hiver en Provence est crue et magnifique, même par 10°C.