Après l’autorisation par Trump d’opérations de la CIA au Venezuela, Maduro déclare ne pas vouloir de guerre avec les États-Unis
Nicolás Maduro a critiqué ce qu’il a qualifié de « guerres ratées » en Afghanistan, en Irak et en Libye, ainsi que les coups d’État orchestrés par la CIA en Amérique latine, citant l’Argentine et le Chili dans les années 1970.

Trump photo officielle
Le climat politique entre les États-Unis et le Venezuela est extrêmement tendu. Le gouvernement de Nicolás Maduro a réagi au feu vert donné par Donald Trump aux services secrets américains pour mener des opérations en territoire vénézuélien.
Mercredi soir (15 octobre), le président vénézuélien s’est adressé directement aux Américains, en anglais :
“Listen to me, no war, yes peace, people of the United States.” (Écoutez-moi, non à la guerre, oui à la paix, peuple des États-Unis).
Cette réaction fait suite à la confirmation par le président américain Donald Trump de l’autorisation donnée à la CIA (Central Intelligence Agency) de mener des opérations sur le sol vénézuélien. S’exprimant ensuite en espagnol, Nicolás Maduro a dénoncé ce qu’il a qualifié de « guerres ratées » en Afghanistan, en Irak et en Libye, et a rappelé les coups d’État orchestrés par la CIA en Amérique latine, citant notamment l’Argentine et le Chili dans les années 1970.
« L’Amérique latine ne veut pas de la CIA, n’en a pas besoin et la rejette », a-t-il déclaré.
Dans un communiqué, le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a affirmé que les propos de Donald Trump constituaient une « violation gravissime du droit international et de la Charte de l’ONU ». Le ministère dénonce également :
- Le recours à la CIA et les opérations militaires dans les Caraïbes comme une « politique d’agression, de menace et de harcèlement » contre le Venezuela.
- Des manœuvres visant à « légitimer une opération de changement de régime » afin de s’approprier le pétrole vénézuélien.
L’ambassadeur du Venezuela à l’ONU, Samuel Moncada, a protesté contre ce qu’il a appelé des « exécutions extrajudiciaires », affirmant que parmi les 27 victimes des bombardements américains dans les Caraïbes se trouvaient des citoyens colombiens et de Trinité-et-Tobago, dont deux pêcheurs.
Ce jeudi (16 octobre), la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a réaffirmé que Nicolás Maduro était un « dirigeant illégitime ». Les États-Unis accusent le dirigeant vénézuélien d’être à la tête d’une organisation narcoterroriste et offrent une récompense de 50 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation.
Début octobre, Donald Trump avait annoncé que les États-Unis étaient en conflit armé contre les cartels de la drogue, dont certains avaient déjà été classés comme organisations terroristes. Cette classification permettrait de poursuivre les bombardements de navires non identifiés en mer des Caraïbes sans procès des suspects ni autorisation du Congrès.
Mercredi (15 octobre), des bombardiers B-52 partis d’une base en Louisiane ont été aperçus dans une zone située en dehors de l’espace aérien vénézuélien, mais sous la juridiction du pays. Ce jeudi, le journal Washington Post a publié des images, circulant sur les réseaux sociaux depuis début octobre, montrant ce qui semble être des hélicoptères américains près de plateformes pétrolières et gazières au large de Trinité-et-Tobago, à moins de 145 km du Venezuela. Un responsable américain a confirmé au journal que des militaires participaient à des exercices en vue de possibles missions à l’intérieur du Venezuela.
Dans ce contexte, l’amiral Alvin Holsey, commandant des forces américaines en Amérique latine, a annoncé ce jeudi qu’il quitterait son poste en décembre, deux ans avant la date prévue. Ni l’amiral ni le Pentagone n’ont précisé la raison de ce départ anticipé.
Pendant ce temps, le gouvernement vénézuélien a intensifié la mobilisation de ses milices et de l’armée, et a lancé un appel à l’enrôlement des civils.
Henry Ziemer, chercheur au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), souligne la contradiction d’une annonce publique par Donald Trump concernant ce qui devrait être une opération secrète. Selon lui, cette annonce serait une forme de pression visant à encourager une réaction interne contre Nicolás Maduro. L’objectif principal ne serait donc pas la guerre, mais un changement de régime. Le chercheur estime que Maduro se trouve dans une position très vulnérable, en raison de son impopularité face aux difficultés économiques et du récent prix Nobel de la paix décerné à sa principale opposante, María Corina Machado.