Chute du gouvernement : la France au bord du chaos politique.

 

Le 4 décembre 2024, un silence pesant s’est abattu sur l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Par un vote historique, une motion de censure a été adoptée, renversant le gouvernement et signant l’acte le plus spectaculaire d’une crise politique sans précédent sous la Vème République. Cet événement, loin d’être un simple accident de parcours parlementaire, est la conséquence directe et quasi inéluctable du pari risqué pris par le Président Emmanuel Macron six mois plus tôt. Sa décision de dissoudre l’Assemblée le 9 juin 2024, au soir d’une défaite cuisante aux élections européennes, n’a pas clarifié le paysage politique ; elle l’a fait imploser, plongeant la France dans une spirale d’instabilité qui remet en question les fondements mêmes de ses institutions.   

Ce n’est plus seulement une crise de gouvernement, mais une crise de gouvernabilité. La chute de l’exécutif n’est que le symptôme d’un mal plus profond : une France politiquement fracturée, incapable de dégager une majorité stable, et un Président qui, après avoir joué sa carte maîtresse, se retrouve prisonnier du labyrinthe qu’il a lui-même créé. Aujourd’hui, les couloirs du pouvoir bruissent de rumeurs et de scénarios extrêmes, chacun porteur de risques considérables. La nation retient son souffle, suspendue à une question angoissante : comment sortir de l’impasse? Entre la perspective d’une cohabitation forcée avec le Rassemblement National, la nomination d’une figure d’autorité clivante comme Gérald Darmanin, le séisme d’une démission présidentielle ou une longue attente jusqu’à une nouvelle dissolution, la France est confrontée à des choix qui définiront son avenir politique pour les années à venir.

 

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Chronique d’une Chute Annoncée : Le Renversement du Gouvernement Barnier

 

La chute du gouvernement de Michel Barnier s’est déroulée selon une mécanique constitutionnelle implacable, transformant un outil de pouvoir exécutif en instrument de sa propre perte. Le 2 décembre 2024, face à l’impossibilité de faire adopter son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, le gouvernement a engagé sa responsabilité en vertu de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution. Cette procédure, conçue à l’origine pour permettre à un exécutif fort de surmonter l’obstruction parlementaire, est une arme à double tranchant : elle permet de faire passer un texte sans vote, mais expose en contrepartie le gouvernement à une motion de censure qui, si elle est adoptée, le contraint à la démission.   

Dans le contexte d’une Assemblée sans majorité absolue, cet acte a été le catalyseur qui a uni les oppositions. Deux motions de censure ont été immédiatement déposées. La première émanait des forces de gauche, menées par Mathilde Panot (La France insoumise), Boris Vallaud (Parti Socialiste) et Cyrielle Chatelain (Écologistes). La seconde a été présentée par une alliance de la droite et de l’extrême droite, avec à sa tête Marine Le Pen (Rassemblement National) et Éric Ciotti. C’est cette convergence des extrêmes, cette alliance de circonstance entre des forces politiques idéologiquement irréconciliables, qui a scellé le sort du gouvernement. Leur seul objectif commun était de faire tomber l’exécutif, et l’article 49.3 leur en a fourni l’occasion parfaite.   

Le 4 décembre, lors de l’examen des motions, la première, celle de la gauche, a recueilli une majorité de voix. Conformément à l’article 50 de la Constitution, le Premier ministre a immédiatement présenté la démission de son gouvernement au Président de la République, actant ainsi la défaite politique. La portée de cet événement est historique. Il s’agit seulement de la deuxième motion de censure à être adoptée sous la Vème République, la seule précédente ayant renversé le gouvernement de Georges Pompidou en octobre 1962. Cette comparaison met en lumière la profondeur de la rupture actuelle. Les institutions de 1958, spécifiquement conçues pour garantir la stabilité gouvernementale et éviter le chaos de la IVème République, ont montré leur limite. L’outil pensé pour affirmer l’autorité de l’exécutif est paradoxalement devenu le levier de sa chute, révélant une inversion fondamentale des rapports de force dans un parlement fragmenté. L’architecture constitutionnelle, bâtie pour un monde politique bipolaire, s’est fissurée face à la nouvelle réalité d’une France tripolarisée.   

 

Aux Origines du Chaos : Anatomie d’une France Ingouvernable

 

Pour comprendre la paralysie actuelle, il faut remonter à son origine : la soirée du 9 juin 2024. Face à la victoire écrasante du Rassemblement National aux élections européennes, Emmanuel Macron a choisi une réponse radicale : la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce coup de poker politique visait à provoquer un sursaut républicain et à obtenir une majorité claire pour la seconde moitié de son quinquennat. Le résultat fut tout autre.   

Les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024 n’ont pas produit de vainqueur, mais ont consacré une fragmentation politique durable. L’Assemblée nationale est sortie des urnes “tripolarisée”, éclatée en trois blocs principaux incapables de s’entendre et dont aucun ne disposait de la majorité absolue de 289 sièges : le Rassemblement National et ses alliés, le Nouveau Front Populaire (alliance des gauches), et le bloc centriste présidentiel. Cette configuration a rendu le pays structurellement ingouvernable.   

Ce qui a suivi fut une démonstration d’instabilité sans précédent. Après la démission du gouvernement de Gabriel Attal, la France a connu une période de deux mois où le gouvernement n’expédiait que les “affaires courantes”, un vide politique d’une longueur inédite. La nomination de Michel Barnier en septembre, censée apporter l’expérience et la stabilité, s’est soldée par un échec cuisant, son gouvernement étant renversé en à peine trois mois. Son successeur, François Bayrou, nommé en décembre 2024 pour dénouer la crise, a connu le même sort en septembre 2025, son gouvernement chutant après le rejet d’un vote de confiance. L’apogée de ce chaos fut atteint avec le gouvernement de Sébastien Lecornu : annoncé le 5 octobre 2025, il a démissionné dès le lendemain, devenant le gouvernement le plus éphémère de l’histoire de la Vème République. Cette “valse des gouvernements” a ravivé les pires souvenirs de l’instabilité chronique de la IVème République, le régime que la Constitution de 1958 avait précisément pour but de conjurer.   

La composition de l’Assemblée nationale issue des élections de 2024 illustre de manière crue l’impasse arithmétique et politique dans laquelle se trouve le pays.

Tableau : Composition de l’Assemblée Nationale (XVIIe législature)

Groupe politique Nombre de députés Président(e) de groupe
Rassemblement National (RN) 123 Marine Le Pen
Ensemble pour la République (EPR) 91 Gabriel Attal
La France insoumise (LFI) – NFP 71 Mathilde Panot
Socialistes et apparentés 68 Boris Vallaud
Droite Républicaine (DR) 50 Laurent Wauquiez
Écologiste et Social 38 Cyrielle Chatelain
Les Démocrates 36 Marc Fesneau
Horizons & Indépendants 34 Paul Christophe
Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) 23 Laurent Panifous
Gauche Démocrate et Républicaine (GDR) 17 Stéphane Peu
Union des droites pour la République (UDR) 15 Éric Ciotti
Non-inscrits 9
Total des sièges pourvus 575
Majorité absolue requise 289

Source : Données compilées à partir des informations de l’Assemblée nationale et de Vie-publique.fr en octobre 2025.   

Ce tableau ne montre pas seulement l’absence de majorité, il révèle la quasi-impossibilité d’en construire une. Les blocs sont non seulement numériquement insuffisants, mais aussi idéologiquement aux antipodes. La situation actuelle n’est donc pas une “cohabitation” classique, comme celles qu’a connues la France par le passé entre une droite et une gauche structurées. Ces périodes, bien que tendues, reposaient sur l’existence d’une majorité parlementaire cohérente face au Président. Nous assistons aujourd’hui à une crise systémique où le cadre institutionnel de la Vème République, pensé pour un jeu à deux, se révèle inadapté à une partie à trois joueurs qui se neutralisent mutuellement.   

 

Le Pari Perdu d’Emmanuel Macron : Un Président face à ses Choix

 

Au cœur de cette tempête institutionnelle se trouve un homme : Emmanuel Macron. C’est sa décision de dissoudre l’Assemblée qui a déclenché la crise, faisant de lui l’acteur central et, aux yeux de beaucoup, le principal responsable du chaos actuel. Ce qui devait être une manœuvre audacieuse pour reprendre la main s’est transformé en un pari désastreux qui a mis en lumière le paradoxe fondamental de la Vème République en période de “parlement minoritaire”.   

Le régime est caractérisé par une “hyper-présidentialisation” , où le chef de l’État, élu au suffrage universel, dispose de pouvoirs considérables et fixe les grandes orientations du pays. Cependant, la Constitution le rend politiquement “irresponsable” devant le Parlement : il ne peut être renversé par une motion de censure. Ce système fonctionne tant que le Président dispose d’une majorité parlementaire pour appliquer sa politique. Sans elle, le monarque républicain devient un roi nu, constitutionnellement puissant mais politiquement impuissant, incapable de faire voter ses lois et de gouverner.   

Emmanuel Macron est aujourd’hui confronté à cette réalité brutale. Il est devenu la cible principale de la colère de l’opinion et des appels à la démission de la part des oppositions, bien qu’aucune règle constitutionnelle ne l’y oblige. Ses déclarations répétées affirmant son intention d’aller “jusqu’au terme de son mandat” en 2027 sonnent de plus en plus comme un défi face à une situation de blocage total. Les nominations successives et infructueuses de Premiers ministres (Barnier, Bayrou, Lecornu) ne sont plus perçues comme des tentatives de solution, mais comme les soubresauts d’un pouvoir élyséen affaibli et à court d’options.   

Le paradoxe est total : en utilisant son pouvoir le plus régalien, le droit de dissolution, le Président s’est lui-même privé de tout pouvoir. Il est désormais prisonnier des conséquences de son acte. La principale arme constitutionnelle pour sortir d’un tel blocage – une nouvelle dissolution – lui est interdite pendant un an, conformément à l’article 12 de la Constitution. Le Président a déclenché une crise et se retrouve légalement empêché d’utiliser le seul outil prévu pour la résoudre. Son pouvoir a directement conduit à son impuissance.   

 

L’Élysée face au Labyrinthe : Quatre Scénarios pour une Sortie de Crise

 

Face à cette impasse, quatre scénarios principaux, mêlant droit constitutionnel et calculs politiques, dominent les discussions. Chacun est semé d’embûches et aucun n’offre de solution simple ou stable.

 

L’Hypothèse de la Cohabitation Forcée : Un Premier Ministre du Rassemblement National?

 

L’article 8 de la Constitution est clair : le Président de la République “nomme le Premier ministre”. Il n’est nullement tenu de choisir le chef du parti arrivé en tête des élections législatives. Cependant, la pratique politique et la logique parlementaire imposent de nommer une personnalité capable d’obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, ou du moins d’éviter sa défiance immédiate via une motion de censure.   

Avec environ 123 députés, le Rassemblement National est le premier groupe de l’Assemblée, mais il est très loin des 289 sièges requis pour une majorité absolue. La nomination d’un Premier ministre issu de ses rangs, comme Jordan Bardella, placerait Emmanuel Macron dans une situation de cohabitation classique mais extrêmement hostile. Ce serait un pari audacieux, fondé sur l’idée que les autres forces d’opposition (gauche et droite républicaine) ne parviendraient pas à s’unir pour voter une censure immédiate. Pour le Président, cela signifierait présider un gouvernement dont il rejette fondamentalement le projet, notamment sur les questions européennes, qui sont au cœur de sa propre vision politique.   

 

La Carte de l’Autorité : Gérald Darmanin à Matignon?

 

Une autre option serait de nommer une personnalité issue de l’aile droite de la majorité présidentielle, capable de rallier le groupe Les Républicains (environ 50 sièges ). Le nom de Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur puis de la Justice, revient avec insistance. Son profil, marqué par un discours de fermeté sur les questions de sécurité et d’ordre, est compatible avec une partie de la droite traditionnelle. Il est lui-même un transfuge de l’UMP/LR.   

La stratégie serait de construire une majorité de droite et de centre-droit, en espérant une neutralité bienveillante de certains autres députés. Cependant, cette nomination serait un véritable chiffon rouge pour toute la gauche, y compris les socialistes les plus modérés. Les analystes jugent son profil “incompatible avec le PS” , ce qui rendrait impossible toute forme de coalition élargie ou de “pacte de gouvernement”. Une telle nomination risquerait de souder l’opposition de gauche et de provoquer une nouvelle motion de censure, ramenant la situation à la case départ.   

 

Le Scénario du Vide : La Démission Présidentielle?

 

C’est l’option la plus radicale, la “bombe atomique” institutionnelle. L’article 7 de la Constitution prévoit la procédure en cas de “vacance de la Présidence”. Si Emmanuel Macron démissionnait, le président du Sénat, Gérard Larcher, assurerait l’intérim. Une nouvelle élection présidentielle devrait alors être organisée dans un délai de 20 à 35 jours.   

Durant cette période, les pouvoirs du président par intérim sont strictement encadrés : il ne peut ni dissoudre l’Assemblée, ni organiser de référendum, ni engager de révision constitutionnelle. Si cette voie est légalement possible, elle est politiquement improbable. Elle ouvrirait une période de vide du pouvoir et d’incertitude maximale. De plus, en raison de la règle limitant les mandats à deux consécutifs, Emmanuel Macron ne serait pas autorisé à se représenter à cette élection anticipée. C’est une solution de dernier recours, envisageable uniquement si le pays devenait totalement et durablement ingouvernable.   

 

L’Arme à Retardement : Une Nouvelle Dissolution?

 

Le verrou constitutionnel est ici le facteur clé. L’article 12 de la Constitution interdit formellement de procéder à une nouvelle dissolution “dans l’année qui suit ces élections”. Les dernières élections ayant eu lieu en juillet 2024, le Président ne retrouvera cette prérogative qu’en juillet 2025.   

Ce délai contraint impose une stratégie d’attente. Cela pourrait signifier la mise en place de gouvernements techniques ou de “mission”, chargés d’expédier les affaires courantes et de préparer le budget, tout en sachant leur espérance de vie limitée. Tous les acteurs politiques joueraient alors la montre, se positionnant en vue de futures élections. Cette option condamne la France à une année de quasi-paralysie, de blocages législatifs et de négociations politiques stériles. Le risque majeur est qu’une nouvelle consultation électorale en 2025 ne produise un résultat similaire, prolongeant la crise après une année perdue pour le pays.

Chacun de ces scénarios est un chemin périlleux. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise option, mais un choix entre différentes formes d’instabilité. La crise n’est pas une simple divergence politique ; c’est un piège institutionnel, un labyrinthe dont chaque issue potentielle semble mener à une nouvelle impasse.

 

Une France Fracturée : Conséquences Économiques, Sociales et Européennes

 

L’instabilité politique n’est pas un jeu abstrait confiné aux palais de la République ; elle a des conséquences concrètes et profondes sur l’économie du pays, la cohésion de la société et la place de la France en Europe.

Sur le plan économique, les signaux sont au rouge. La paralysie politique engendre une “défiance croissante des investisseurs”. Une enquête récente a révélé que près de la moitié des dirigeants étrangers ont déjà réduit leurs projets d’investissement en France. Cette méfiance se traduit par une fuite massive des capitaux. La dette nette de la France dans le système de paiement européen TARGET 2 a atteint le niveau record de 175 milliards d’euros en septembre 2024, un chiffre supérieur à celui observé au plus fort de la crise financière de 2008. L’incapacité à voter un budget stable et prévisible inquiète les agences de notation et complique la gestion d’un déficit public déjà élevé. Ce climat anxiogène se propage dans la population, où le pessimisme concernant l’avenir économique du pays a atteint des niveaux records.   

Socialement, la crise exacerbe les fractures existantes. Elle alimente une profonde crise de confiance des citoyens envers leurs dirigeants et leurs institutions. Cette défiance se manifeste par une abstention électorale en hausse constante et le sentiment que le système politique est déconnecté des préoccupations réelles. Le spectacle d’un blocage politique permanent nourrit la polarisation de la société, rendant tout compromis impossible et augmentant le risque de tensions sociales. L’incapacité de l’État à agir sur les grands dossiers (pouvoir d’achat, transition écologique, services publics) crée un sentiment d’anxiété et de déclin national.   

Enfin, les répercussions dépassent largement les frontières nationales. Le traditionnel “moteur franco-allemand”, qui a longtemps été la force d’impulsion de l’intégration européenne, est grippé par la paralysie française. Cette situation handicape la capacité de l’Union européenne à répondre collectivement aux défis majeurs, qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine, de la compétition économique avec les États-Unis et la Chine, ou de la transition climatique. Une France politiquement instable et tournée vers ses problèmes internes perd de son influence et de sa crédibilité sur la scène internationale, affaiblissant par là même l’ensemble du projet européen. La crise politique française a ainsi créé une dangereuse boucle de rétroaction : l’instabilité institutionnelle provoque une dégradation économique et sociale, qui à son tour alimente la polarisation politique, rendant la recherche d’une solution encore plus ardue.   

 

La Vème République à l’Épreuve du Feu

 

La chute du gouvernement le 4 décembre 2024 n’était pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’était l’aboutissement logique d’une séquence politique désastreuse initiée par un pari présidentiel qui a révélé au grand jour les fragilités latentes des institutions de la Vème République. Emmanuel Macron, en cherchant à forcer le destin, a mis le système à nu, exposant son inadaptation à un paysage politique durablement fragmenté.

La crise actuelle est unique en son genre. Ce n’est pas une cohabitation classique entre deux forces politiques structurées, mais une panne systémique provoquée par la tripolarisation de la vie politique et l’isolement d’un Président qui est à la fois l’architecte et le prisonnier de la situation. Les mécanismes constitutionnels, conçus pour assurer la stabilité dans un monde bipolaire, semblent aujourd’hui impuissants face à une Assemblée nationale devenue une poudrière.   

L’avenir immédiat de la France est plongé dans une profonde incertitude. Aucun des scénarios envisagés n’offre une sortie de crise claire et pérenne. Le pays navigue à vue, en territoire inconnu. Les semaines et les mois qui viennent seront décisifs. Ils détermineront si la France traverse une tempête politique, certes violente mais passagère, ou si elle est entrée dans une véritable “crise de régime” qui pourrait la contraindre à repenser en profondeur son pacte démocratique et l’architecture de son pouvoir. Le labyrinthe institutionnel demeure, et pour l’heure, le fil d’Ariane reste introuvable.