Le début de la campagne de cacao 2025/26 en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, est marqué par une paralysie quasi totale des achats. Des sources du secteur signalent que le flux commercial est interrompu dans les principaux ports du pays.
Cette situation de blocage s’explique par une accumulation de facteurs :
- Un prix record garanti aux agriculteurs, fixé par le gouvernement.
- Une pénurie de financement (crise de liquidité) chez les négociants.
- Des doutes importants sur la qualité des stocks de fèves actuellement disponibles.
Le paradoxe du prix record
Depuis le 1er octobre, le gouvernement ivoirien a relevé le prix au producteur à un niveau historique de 2 800 francs CFA le kilo (environ 5,05 $). Si cette nouvelle a été saluée par les agriculteurs, elle met une pression immense sur les négociants et les exportateurs.
Ces derniers jugent ce prix “exceptionnellement élevé” et peinent à réunir la trésorerie nécessaire pour financer les achats à ce tarif.
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Un financement au point mort
Le cœur du problème est une grave crise de liquidité. Les banques se montrent réticentes à accorder des crédits. Elles invoquent les risques élevés d’insolvabilité liés à la forte volatilité du marché et aux incertitudes concernant la qualité des fèves.
Les conséquences sont directes pour les exportateurs. Un directeur commercial à Abidjan explique que le coût pour acheminer un seul camion de 35 à 40 tonnes de cacao se situe désormais entre 98 et 112 millions de francs CFA (soit 175 000 à 200 000 $).
Face à ces coûts et à l’absence de crédits, de nombreuses entreprises réduisent drastiquement leurs opérations pour préserver leur trésorerie et renforcer leurs contrôles de qualité. “Personne n’a les fonds pour payer cinq ou dix camions par jour, surtout s’il y a un problème avec la qualité des fèves”, résume ce dirigeant.
Un problème de qualité qui bloque la chaîne
La méfiance des banques est exacerbée par la mauvaise qualité des stocks de début de saison. Environ 50 000 tonnes de fèves avaient été stockées avant le début officiel de la campagne, dans l’attente de la hausse des prix.
Cependant, les industriels (broyeurs) rejettent une partie de ces volumes. Les raisons invoquées sont :
- Des fèves trop petites.
- Une faible teneur en matière grasse.
- Une acidité trop élevée.
Cette situation crée un goulot d’étranglement.
Perspectives de récolte
Malgré ces entraves commerciales, les sources locales estiment que la production totale de la saison 2025/26 devrait être similaire à celle de 2024/25.
Néanmoins, la première partie de la récolte (la récolte principale) s’annonce plus faible que d’habitude. En cause, des conditions climatiques irrégulières, marquées par une alternance de périodes sèches et de pluies intenses, qui ont perturbé le développement uniforme des cabosses, en particulier dans les zones centrales de la ceinture de cacao.
Le secteur observe désormais avec attention le régulateur, le Conseil Café Cacao (CCC), qui pourrait être contraint de revoir sa politique de prix et de crédit si la paralysie commerciale venait à se prolonger.

