Italie prisons saturées suicides en hausse – un système pénitentiaire au bord de l’asphyxie.
Le pays affiche le troisième pire taux de surpopulation carcérale de l’Union européenne. En cause : une politique pénale de plus en plus sévère.
Fin juin, alors que le pays suffoquait sous une vague de chaleur intense, le président italien Sergio Mattarella a pris la parole pour dénoncer les conditions inhumaines dans les prisons. Il a réclamé davantage de moyens et de respect pour les détenus : “Le taux de suicides en milieu carcéral est alarmant. C’est une urgence nationale”, a-t-il déclaré.
Quelques jours plus tôt, le pape François avait, lui aussi, évoqué la situation. Lors d’un événement contre les addictions, il a dénoncé “une guerre contre les pauvres” qui conduit à l’enfermement massif des plus précaires.
Le malaise est profond. En plus d’une surpopulation chronique, les établissements pénitentiaires enregistrent un pic de suicides. Les médias italiens s’en font l’écho chaque jour, et certains n’hésitent pas à qualifier cette réalité de “peine capitale déguisée”, selon les mots de Francesco Costa, directeur de Il Post.
Face à la pression, le gouvernement a annoncé le 15 juillet un plan visant à transférer 10 000 détenus vers des peines alternatives, comme la surveillance électronique ou la semi-liberté. Une cellule interministérielle sera constituée pour sélectionner les cas éligibles.
Seuls les détenus ayant moins de deux ans de peine à purger, sans faute disciplinaire récente, seront concernés. Les condamnés pour terrorisme ou association mafieuse en seront exclus. Les premières mises en œuvre sont attendues pour septembre.
Italie prisons saturées suicides en hausse – un système pénitentiaire au bord de l’asphyxie – photo wikipedia
Dans un entretien accordé au Corriere della Sera, le ministre Carlo Nordio a nié tout lien entre surpopulation et suicides : “En réalité, la promiscuité limite certains passages à l’acte. C’est l’isolement qui tue”, a-t-il assuré.
L’ONG Antigone, référence sur les droits des détenus en Italie, juge le projet gouvernemental inefficace. “Cela relève de la communication. Ces dispositifs existent déjà. Il suffirait de les appliquer”, déplore sa porte-parole, Susanna Marietti.
Pour elle, la seule solution crédible est de réduire le recours à l’incarcération. “On ne devrait pas enfermer des personnes sans-abri ou souffrant d’addictions. Les places existent. C’est l’usage que l’on en fait qui est problématique.”
Le 22 juillet, le gouvernement a aussi annoncé un plan d’agrandissement des prisons (+15 000 places) et un projet de loi visant à confier les toxicomanes à des centres spécialisés plutôt qu’à la prison.
Avec 62 700 détenus pour 51 300 places, les établissements italiens affichent une surpopulation de 122 %. Depuis 2020, leur population a bondi de 17 %. Et les étrangers représentent un tiers des personnes incarcérées, contre 9 % de la population générale.
Selon Eurostat, seuls Chypre et la France font pire. Le record de suicides enregistré en 2024 (91 cas) accentue l’inquiétude. C’est le chiffre le plus élevé depuis le début des statistiques, en 1992.
Ce basculement remonte aux années 2000. Après les années du terrorisme et de la mafia, la politique pénale s’est tournée vers l’enfermement systématique des plus vulnérables.
Un tournant que refuse d’inverser le ministre Nordio, proche de Giorgia Meloni. L’amnistie de 2006, qui avait libéré 20 000 détenus, n’est plus à l’ordre du jour.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Meloni a durci la législation pénale. En juin, un décret a ajouté 14 nouveaux délits et renforcé 9 peines. Participer à une émeute en prison peut désormais valoir jusqu’à 5 ans de réclusion.
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