JBS et Mantiqueira à la conquête des œufs américains : une expansion sous haute tension géopolitique

 

Par la Rédaction – Novembre 2025

Le paysage mondial des protéines animales a tremblé en ce mois de novembre 2025. Au cœur de la tempête : l’acquisition stratégique de Hickman’s Egg Ranch par Mantiqueira USA, la joint-venture formée par le géant brésilien JBS S.A. et la famille Pinto. Si cette opération semble commercialement logique, elle intervient dans un théâtre d’opérations hostile, marqué par une “Guerre Commerciale 2.0” orchestrée par l’administration Trump et une surveillance accrue des investissements étrangers.

On peut dire que le Brésil à mis Trump en PLS et son électorat peut voir cela comme une trahisons, il faut savoir que Trump essai absolument de faire le buzz chaque jour pour éviter que des informations comme cela arrivent dans la presse et voit son incompétence, droit de douane contre le Brésil + de 50%, mais le Brésil résiste, augmente le ton et achète une entreprise américaine. La société JBS est une proche du pouvoir brésilien. Elle a connu une augmentation de son chiffre d’Affaire grâce à Lula et sa politique qui a donné de l’argent au Brésil. On peut parler de Fiat qui a été sauvé grâce à ses ventes au Brésil et surtout aujourd’hui, l’Usine de Betim dans le Minas Gerais est l’une des meilleures du groupe et c’est grâce au premier gouvernement Lula.

Nous trouvons dommage que Trump fact News ne parle pas de cela.

JBS et Mantiqueira à la conquête des œufs américains une expansion sous haute tension géopolitique

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Une alliance stratégique pour un “supermarché de protéines”

 

L’achat de Hickman’s n’est pas un acte isolé, mais l’aboutissement d’une stratégie lancée début 2025.

Quand Trump a commencé à menacé le Brésil. Il faut savoir qu’il s’attaque à un pays qui doit affirmer sa démocratie et l’expérience de la place des trois pouvoirs, l’idée est magnifique.

En acquérant 50 % de Mantiqueira Alimentos, la JBS a confirmé sa volonté de devenir un véritable “supermarché de protéines”. Gilberto Tomazoni, CEO mondial de JBS, vise ainsi à lisser les courbes de revenus du groupe, la volatilité du marché des œufs compensant souvent les cycles des viandes bovines et porcines.

Pour Mantiqueira, déjà leader sud-américain, le marché domestique brésilien était devenu trop étroit. Cette internationalisation via Mantiqueira USA permet d’accéder au marché américain, mature et rentable, en s’appuyant sur la puissance financière de la JBS.

Hickman’s Egg Ranch : le rachat d’un géant à genoux

 

La cible de cette acquisition est un “actif en détresse” (distressed asset). Hickman’s Egg Ranch, icône de l’Arizona fondée en 1944, a connu une année 2025 catastrophique :

  • Crise sanitaire : En juin, une épidémie de grippe aviaire hautement pathogène (HPAI) a décimé 95 % de son cheptel (environ 6 millions de poules), paralysant la production pour deux ans.

  • Crise environnementale : L’élimination d’urgence des carcasses à Tonopah a provoqué la colère des riverains et relancé des litiges sur la pollution des sols.

Pour la famille Hickman, la vente est une porte de sortie honorable. Pour JBS/Mantiqueira, c’est l’opportunité d’acquérir une marque établie et des infrastructures de pointe à prix réduit, avec la capacité financière d’assumer la période de reconstruction.

JBS et Mantiqueira à la conquête des œufs américains  une expansion sous haute tension géopolitique

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Le facteur Trump : quand l’économie rencontre la politique

 

L’opération se déroule sur fond de tensions diplomatiques extrêmes. L’administration Trump, réinstallée à la Maison-Blanche, utilise les tarifs douaniers comme arme de coercition politique.

  • Représailles politiques : Washington a imposé des tarifs sur les produits brésiliens, citant officiellement des préoccupations liées aux “droits de l’homme” et à la situation judiciaire au Brésil (l’affaire Bolsonaro/Moraes).

  • Protectionnisme agricole : Sous le slogan “American Farmer First”, ces mesures visent en réalité à freiner l’ascension du complexe agroalimentaire brésilien, qui supplante souvent les producteurs américains sur le marché mondial du soja et de la viande.

Bien que le café et les épices aient été exemptés pour épargner le consommateur américain, la viande bovine et les produits concurrents restent lourdement taxés, plaçant la JBS dans une position délicate. Mais comme une arme pour apporter sa pierre à l’édifice et faire tomber un gouvernement qui ne restera que 4 ans, ou moins 2 ans avec les élections de mi-mandat. Trump vient de perdre New-York et essai de faire un découpage électoral de la dernière chance.

L’épée de Damoclès réglementaire

 

Au-delà des tarifs, la menace la plus directe vient du Département de la Justice (DOJ). Le Président Trump a publiquement ordonné une enquête pour “collusion et fixation des prix” contre les grands frigorifiques, ciblant explicitement la JBS en tant qu’entité étrangère. L’expansion vers le marché des œufs pourrait être perçue comme une consolidation excessive du pouvoir de marché.

De plus, la localisation des terres de Hickman’s en Arizona, à proximité de la centrale nucléaire de Palo Verde, pourrait déclencher un examen du CFIUS (Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis) au nom de la sécurité nationale.

Un pari à haut risque

 

L’acquisition de Hickman’s Egg Ranch est une manœuvre d’une audace rare. Sur le plan microéconomique, elle est brillante : elle permet de récupérer un actif stratégique à bas prix et d’importer l’expertise “cage-free” (élevage sans cage) de Mantiqueira au moment où la législation américaine l’exige.

Cependant, sur le plan macroéconomique, la JBS navigue à contre-courant. En étendant son empreinte aux États-Unis au moment où le nationalisme économique resurgit, l’entreprise devra déployer une diplomatie corporative sans faille pour prouver qu’elle sert les intérêts du consommateur américain, sous peine de devenir le paratonnerre de la colère protectionniste de Washington.