Macron : Démission ou Impasse Politique ? Macron pourrait démissionner devant les français à partir de mercredi 9 octobre, c’est la première fois depuis plus de 40 ans qu’un Président de la république est dans une telle situation, 70% des français selon Odoxa souhaite la démission d’Emmanuel Macron. Sur X à 21h00 Macron dégage est premier au niveau mondial, c’est une première dans l’histoire de la république française et ici ce n’est pas des robots mais des français normaux.

La situation est telle que Emmanuel Macron, le Président de la France songe de plus en plus à présenter sa démission devant les français.

Qu’est-ce que nous voyons actuellement sont les préparatifs de la démission d’Emmanuel Macron toute la République se prépare et nous sommes dans une situation unique, économie en panne, guerre en Ukraine et au porte de l’Europe et notre commandant en Chef va partir. Mais les français en on marre, aujourd’hui 90% des varois souhaites que macron parte de la président de la République, c’est un échec total.

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Macron Démission ou Impasse Politique

Macron Démission ou Impasse Politique

Macron : Démission ou Impasse Politique ? Faut qu’on en parle vous en parle

 

Le 6 octobre 2025, la France s’est réveillée face à un spectacle politique d’une brutalité inédite. Après seulement vingt-sept jours à Matignon, le Premier ministre Sébastien Lecornu présentait sa démission, et avec lui, celle de son gouvernement, le plus éphémère de l’histoire de la Vème République. Cette chute vertigineuse n’était pas un simple accident de parcours, un remaniement de plus dans une vie politique agitée. Elle était le symptôme le plus spectaculaire d’une pathologie profonde, la manifestation d’une paralysie institutionnelle qui ronge l’État depuis des mois. L’événement a cristallisé un sentiment diffus de chaos, transformant une crise politique rampante en un blocage total et visible aux yeux de tous, en France comme à l’étranger.   

Ce blocage n’est pas né en un jour. Il est l’aboutissement logique et implacable d’une séquence ouverte par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Conçue par le président Emmanuel Macron pour clarifier le paysage politique, cette décision a produit l’effet inverse : une Assemblée nationale sans majorité absolue, fracturée en trois blocs irréconciliables, rendant le pays de fait ingouvernable. Depuis lors, la France assiste à une valse macabre de Premiers ministres – Michel Barnier, François Bayrou, puis Sébastien Lecornu – tous nommés non pas pour diriger, mais pour survivre, et tous échouant à obtenir la confiance ou même le répit nécessaire pour faire voter un budget. Chaque tentative s’est heurtée au même mur : l’impossibilité mathématique et politique de construire une majorité stable.   

Ce que la France traverse aujourd’hui dépasse le cadre d’une simple crise de régime. Il s’agit d’une rupture systémique, d’une mise à l’épreuve fondamentale du modèle politique de la Vème République. Cette crise se caractérise par la conjonction de trois phénomènes tectoniques : l’ascension hégémonique d’une extrême droite qui domine désormais les sondages, l’effondrement des partis traditionnels de gouvernement qui structuraient autrefois la vie politique, et un cadre constitutionnel pensé pour la stabilité qui se révèle inadapté, voire contre-productif, face à ce nouveau paysage tripolar. La machine étatique est à l’arrêt, et les conséquences de cette panne se propagent bien au-delà des frontières nationales. À Bruxelles, Berlin, Washington et dans les capitales du monde entier, l’instabilité de ce membre clé de l’Union européenne et du Conseil de sécurité de l’ONU suscite une inquiétude grandissante, transformant la France en un facteur majeur d’incertitude mondiale.   

Cet article propose une enquête approfondie sur les multiples dimensions de cette crise sans précédent. Il explorera d’abord la dynamique qui a porté le Rassemblement National à une position de favori incontesté pour les échéances à venir. Il analysera ensuite la fragmentation des autres forces politiques, du camp présidentiel à la gauche unie mais divisée, en passant par une droite républicaine en quête de survie. Il se penchera sur les racines institutionnelles du blocage, montrant comment les mécanismes de la Vème République sont aujourd’hui pris à leur propre piège. Enfin, il mesurera l’onde de choc internationale de cette crise, qui affaiblit la voix de la France et paralyse les initiatives européennes à un moment de péril géopolitique majeur. Car derrière les manchettes quotidiennes sur les démissions et les motions de censure se joue une question bien plus profonde : celle de l’avenir d’une République à la croisée des chemins.

 

Le Raz-de-Marée Inexorable du Rassemblement National

 

L’épicentre du séisme politique français se trouve dans la montée en puissance, désormais hégémonique, du Rassemblement National (RN). Loin d’être un simple parti contestataire, le RN s’est métamorphosé en la première force électorale du pays, une transformation qui redéfinit entièrement les équations politiques et place la France face à la perspective de plus en plus tangible d’un gouvernement d’extrême droite.

 

La domination sans partage dans les sondages

 

Les chiffres sont sans appel et dessinent une tendance de fond. Vague après vague, les enquêtes d’opinion confirment la position dominante du RN. Qu’il s’agisse d’élections législatives anticipées ou de la présidentielle de 2027, le parti caracole en tête, laissant ses concurrents loin derrière. Plusieurs sondages récents indiquent que le RN arriverait largement en tête en cas de nouvelles élections législatives, consolidant son statut de premier groupe parlementaire potentiel.   

Si nous effectuons l’élection présidentielle aujourd’hui, le Rassemblement national selon divers sondage l’emporterai avec plus de 60% des voix au second tour.

C’est sur le terrain présidentiel que cette domination est la plus frappante. Les intentions de vote pour 2027 placent systématiquement une candidature RN, que ce soit celle de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella, au-delà du seuil symbolique des 30 % au premier tour. Un sondage de l’Ifop de septembre 2025 illustre cette avance confortable, quel que soit l’adversaire issu du camp présidentiel, qu’il s’agisse de Gabriel Attal, Gérald Darmanin ou François Bayrou. Cette performance n’est pas un pic conjoncturel mais le résultat d’une progression constante observée depuis plusieurs années, marquant le passage d’une force d’opposition puissante à celle d’une alternative crédible au pouvoir aux yeux d’une part croissante de l’électorat.   

 

L’« effet Bardella », un tournant stratégique

 

Au cœur de cette nouvelle dynamique se trouve une figure qui a profondément modifié la perception du parti : Jordan Bardella. Sa popularité personnelle a explosé, rivalisant et parfois même dépassant celle de Marine Le Pen, la figure historique du mouvement. Un baromètre Odoxa de septembre 2025 les place tous deux en tête du classement d’adhésion des personnalités politiques, avec respectivement 37 % et 36 % d’opinions favorables, loin devant leurs concurrents.  

Plus qu’une simple popularité, Jordan Bardella incarne une rupture stratégique. Son image, plus jeune et perçue comme moins clivante, permet au RN de toucher de nouveaux électorats, notamment parmi les jeunes, et de rassurer au-delà de son socle traditionnel. Son ascension répond à une faiblesse historique du parti : le « nom Le Pen », longtemps considéré comme un obstacle insurmontable à une victoire finale, un « plafond de verre » électoral. L’analyse de l’opinion au sein même des sympathisants RN montre une préférence émergente pour Bardella, non pas par rejet de Marine Le Pen, mais par pragmatisme : 34 % d’entre eux estiment que sa candidature serait un atout pour « tourner la page Le Pen », contre 26 % qui y voient un handicap.   

Ce duo complémentaire, où Marine Le Pen incarne la légitimité historique et la solidité doctrinale tandis que Jordan Bardella représente le renouveau et une acceptabilité élargie, constitue une force de frappe politique redoutable. Pour la première fois, une personnalité autre que Le Pen est préférée par une partie de la base, un fait significatif qui montre une maturation du parti au-delà de sa dimension dynastique. Cette nouvelle configuration offre au RN une flexibilité stratégique inédite pour l’élection présidentielle, tout en soulevant des questions sur l’équilibre des pouvoirs et la direction future du mouvement.   

Un parti en voie de normalisation

 

La performance actuelle du RN n’est pas seulement le fruit de la popularité de ses dirigeants. Elle est aussi le résultat d’une stratégie de longue haleine de « dédiabolisation » et de normalisation. Le parti a réussi à recentrer son discours sur les préoccupations premières des Français, au premier rang desquelles le pouvoir d’achat, la sécurité et la maîtrise de l’immigration. En se présentant comme le défenseur des classes populaires et moyennes face aux effets de la mondialisation et aux décisions perçues comme déconnectées des élites parisiennes et bruxelloises, le RN a su capter une colère sociale et un désir de protection croissants.   

Cette stratégie a été grandement facilitée par le vide laissé par l’effondrement de la droite traditionnelle. Le parti Les Républicains (LR), autrefois un des deux piliers de la vie politique française, est aujourd’hui exsangue, incapable de retenir un électorat de plus en plus attiré par le discours plus ferme et décomplexé du RN. Le Rassemblement National n’est plus simplement un réceptacle du vote protestataire ; il est perçu par un nombre croissant de citoyens comme une alternative de gouvernement crédible, une évolution fondamentale qui explique sa position hégémonique actuelle.   

Tableau 1 : Scénarios pour l’élection présidentielle de 2027 – Synthèse des intentions de vote au premier tour
Candidat Parti / Bloc
Marine Le Pen Rassemblement National
Jordan Bardella Rassemblement National
Édouard Philippe Horizons / Centre-droit
Gabriel Attal Renaissance / Centre
Jean-Luc Mélenchon La France Insoumise / NFP
Raphaël Glucksmann Place Publique / PS / NFP
Bruno Retailleau Les Républicains
Laurent Wauquiez Les Républicains

Note : Les pourcentages sont une synthèse agrégée et arrondie des données issues de plusieurs sondages (Ifop, Odoxa, Harris Interactive) réalisés entre fin 2024 et fin 2025 pour illustrer les ordres de grandeur et les dynamiques. Les scores varient en fonction des hypothèses de candidature testées.   

La montée en puissance du Rassemblement National n’est donc pas un phénomène isolé. Elle est le produit d’une décomposition politique plus large. Les partis traditionnels, le Parti Socialiste et Les Républicains, qui ont structuré la Vème République pendant des décennies, se sont effondrés, obtenant des scores cumulés souvent inférieurs à 15 % dans les sondages. Cet effondrement a laissé des millions d’électeurs orphelins. Parallèlement, la stratégie d’Emmanuel Macron de créer un grand bloc central a eu pour effet de dynamiter les anciens clivages sans pour autant construire une nouvelle structure politique pérenne au-delà de sa propre personne. À mesure que son impopularité grandissait et que ses réformes suscitaient une forte opposition , les électeurs déçus, tant à droite qu’à gauche, ont cherché des alternatives. Dans ce vide, le RN, avec son discours structuré sur la souveraineté, l’identité et la protection sociale, est apparu comme l’offre politique la plus solide et la plus cohérente pour canaliser ce mécontentement généralisé. Son succès est donc autant le symptôme de la faillite de ses adversaires que le fruit de sa propre stratégie.  

 

L’Archipel Éclaté – Radiographie d’un Paysage Politique en Décomposition

 

Face au bloc monolithique et ascendant du Rassemblement National, le reste de l’échiquier politique français ressemble à un archipel d’îlots fragmentés, chacun luttant pour sa survie et sa pertinence. Cette décomposition, qui touche aussi bien le camp présidentiel que la gauche et la droite républicaine, est l’autre face de la crise : elle explique l’incapacité à former une alternative crédible et contribue directement à la paralysie institutionnelle du pays.

 

Le camp présidentiel face au vide

 

Le bloc central, autrefois triomphant sous la bannière d’Emmanuel Macron, est aujourd’hui une force politique affaiblie, minoritaire à l’Assemblée nationale et confrontée à une angoissante question : celle de l’après-Macron. Le Président étant constitutionnellement empêché de se représenter en 2027, une guerre de succession, à peine voilée, a éclaté au grand jour, paralysant toute tentative de refondation.   

Cette bataille interne oppose principalement deux figures : Édouard Philippe et Gabriel Attal. Le premier, ancien Premier ministre et président du parti Horizons, a longtemps été la personnalité politique préférée des Français après son départ de Matignon, cultivant une image de sérieux, de stabilité et d’homme d’État. Il a monopolisé la première place des baromètres de popularité pendant plus de quatre ans, de septembre 2020 à février 2025, et reste une figure de référence pour l’électorat de centre-droit. Face à lui, Gabriel Attal a connu une ascension fulgurante. Sa nomination à Matignon en janvier 2024 a été accompagnée d’un bond de popularité spectaculaire, 48 % des Français le jugeant alors comme un « bon Premier ministre », une performance bien supérieure à celle de ses prédécesseurs et du Président lui-même. Perçu comme plus dynamique et plus en phase avec le cœur de l’électorat macroniste, il représente un défi direct à l’hégémonie de Philippe.   

Cette rivalité n’est pas qu’une affaire de personnes ; elle traduit des divergences stratégiques sur l’avenir du camp central. Doit-il s’ancrer plus à droite pour récupérer les électeurs de LR, comme le suggère la ligne Philippe, ou doit-il tenter de raviver la flamme du « en même temps » originel, une voie que pourrait incarner Attal? Incapable de trancher, le camp présidentiel apparaît divisé et sans leader incontesté pour 2027, ce qui l’empêche de se projeter et de présenter un front uni face à la menace du RN.

 

La gauche, l’union et la discorde

 

À gauche, la création du Nouveau Front Populaire (NFP) à l’occasion des législatives de 2024 a représenté un sursaut et a permis de constituer le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Cependant, cette alliance reste un colosse aux pieds d’argile, minée par des divisions idéologiques profondes qui menacent en permanence son unité et sa crédibilité.   

Le NFP est un mariage de convenance entre des forces politiques aux cultures et aux projets radicalement différents. D’un côté, La France Insoumise (LFI), force dominante en nombre de députés, porte un programme de rupture radicale avec l’ordre existant, prônant une VIème République et une désobéissance aux traités européens. De l’autre, une aile sociale-démocrate et pro-européenne, incarnée par le Parti Socialiste (PS) d’Olivier Faure et surtout par Raphaël Glucksmann, tête de liste de Place Publique aux élections européennes, qui jouit d’une popularité personnelle significative.   

Ces deux âmes de la gauche sont en conflit permanent. La question du leadership reste un point de friction majeur, la figure de Jean-Luc Mélenchon étant à la fois un fédérateur pour la gauche radicale et un repoussoir pour une large partie de l’électorat modéré et même au sein de ses propres alliés. Un sondage révèle ainsi qu’une alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon serait rejetée par 60 % des Français, y compris par 62 % des sympathisants socialistes et 53 % des écologistes. Les divergences portent également sur des sujets de fond : la politique économique, le rapport à l’OTAN, la laïcité ou encore la stratégie à adopter face au pouvoir. Ces tensions éclatent régulièrement au grand jour, comme lors d’élections partielles où les composantes du NFP présentent des candidats séparés, offrant un spectacle de désunion et démontrant leur incapacité à incarner une alternative cohérente et unie sur le long terme.   

 

La droite républicaine en quête d’un avenir

 

Prise en étau entre le centre macroniste qui a absorbé son aile modérée et le Rassemblement National qui a siphonné son aile droite, Les Républicains (LR) traverse une crise existentielle. Le parti, qui a donné à la France plusieurs présidents, peine aujourd’hui à dépasser les 10 % dans les intentions de vote et se déchire sur la stratégie à suivre pour survivre.   

La crise s’est cristallisée autour de la participation au gouvernement. Une partie du parti, incarnée par des figures comme Bruno Retailleau, a fait le choix d’une coalition gouvernementale avec le camp présidentiel, arguant de la nécessité de faire barrage à la gauche et de peser sur les décisions. Cette ligne est violemment combattue par une autre faction, menée par Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Ce dernier prône une ligne d’opposition intransigeante, refusant toute compromission avec la « macronie » et cherchant à reconstruire une droite « authentique » sur des thèmes comme l’identité, la sécurité et l’autorité.   

La stratégie de Laurent Wauquiez consiste à chasser sur les terres du RN, en adoptant un discours très ferme, espérant ainsi récupérer les électeurs partis à l’extrême droite. Cependant, cette approche présente un double risque : elle peut être perçue comme une simple copie, moins crédible que l’original, et elle aliène l’électorat plus centriste et modéré qui constituait autrefois le cœur du parti. Pour l’heure, cette stratégie ne semble pas porter ses fruits dans les sondages, où Laurent Wauquiez reste à un niveau modeste, tandis que Bruno Retailleau, malgré sa participation ministérielle, est jugé comme un bien meilleur candidat potentiel pour la présidentielle par les sympathisants de droite. Tiraillée et inaudible, la droite républicaine n’est plus en mesure de jouer son rôle historique d’arbitre ou de force de gouvernement.   

Cette fragmentation généralisée n’est pas le fruit du hasard. Elle est la conséquence directe de la « tripolarisation » du paysage politique français, où trois blocs – un bloc central, un bloc de gauche et un bloc d’extrême droite – coexistent sans qu’aucun ne puisse atteindre la majorité absolue. Cette structure est intrinsèquement instable. Les alliances, mathématiquement nécessaires pour gouverner, sont politiquement impossibles en raison des fossés idéologiques qui séparent les blocs. Le centre macroniste ne peut s’allier durablement ni avec la gauche radicale du NFP, ni avec le RN. Le NFP est lui-même une mosaïque de courants antagonistes. Et la droite LR est trop faible et divisée pour jouer un rôle de pivot. Le résultat est un blocage structurel, une paralysie législative permanente où la crise politique n’est pas un accident, mais la conséquence logique de la nouvelle carte électorale du pays.   

 

Les Fissures du Modèle – Quand les Institutions de la Vème République Grincent

 

La paralysie politique actuelle n’est pas seulement le résultat de la fragmentation de l’offre politique ; elle révèle également les fissures profondes et les contradictions internes des institutions de la Vème République. Conçu en 1958 pour garantir la stabilité et l’autorité de l’exécutif, le système se retourne aujourd’hui contre lui-même, ses mécanismes de pouvoir devenant des facteurs d’aggravation de la crise et de la défiance démocratique.

 

Du parlementarisme rationalisé à l’hyper-présidentialisme

 

Pour comprendre la crise actuelle, il faut revenir aux fondements de la Vème République. Sa Constitution a été rédigée en réaction à l’instabilité chronique des IIIème et IVème Républiques, caractérisées par un parlement tout-puissant et des gouvernements éphémères. L’objectif des constituants de 1958, autour de Charles de Gaulle et Michel Debré, était de mettre en place un « parlementarisme rationalisé » : un ensemble de mécanismes constitutionnels visant à encadrer strictement les pouvoirs du Parlement pour permettre au Gouvernement de disposer de la stabilité nécessaire pour mener sa politique. Des outils comme la maîtrise de l’ordre du jour par l’exécutif, la procédure du vote bloqué, ou encore le fameux article 49 alinéa 3, qui permet d’adopter un texte sans vote sauf motion de censure, ont été conçus dans ce but précis.   

Cependant, deux évolutions majeures ont profondément altéré cet équilibre initial. La première est l’instauration de l’élection du Président de la République au suffrage universel direct en 1962. Cette réforme a conféré au chef de l’État une légitimité populaire considérable, le plaçant au sommet de l’édifice institutionnel et politique. La seconde est la réforme du quinquennat en 2000, qui a aligné la durée du mandat présidentiel sur celui des députés et inversé le calendrier électoral, les législatives suivant désormais la présidentielle. Cette synchronisation a renforcé le « fait majoritaire », assurant presque systématiquement au président fraîchement élu une majorité à l’Assemblée nationale et transformant le Premier ministre en simple collaborateur et le Parlement en chambre d’enregistrement.   

Cette concentration extrême du pouvoir entre les mains du Président a donné naissance à ce que les analystes ont qualifié d’« hyper-présidentialisme ». Le Président n’est plus seulement l’arbitre prévu par l’article 5 de la Constitution, mais le véritable chef de l’exécutif, décidant de la politique de la nation sur tous les fronts.   

 

Le paradoxe de Macron : un président « jupitérien » sans majorité

 

Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a poussé cette logique hyper-présidentielle à son paroxysme. Théorisant lui-même une présidence « jupitérienne », il a incarné un pouvoir vertical, centralisé, où les décisions se prenaient à l’Élysée, souvent au mépris des corps intermédiaires et du débat parlementaire. Ce style de gouvernance, déjà critiqué alors qu’il disposait d’une large majorité, est entré en collision frontale avec la réalité politique issue des élections législatives de 2022, qui l’ont privé de sa majorité absolue.   

Le paradoxe est alors devenu flagrant : la France se retrouvait avec un président constitutionnellement très puissant, mais politiquement affaibli et incapable de faire voter ses lois. Dans ce contexte de blocage, les outils du parlementarisme rationalisé ont changé de nature. L’article 49.3, utilisé à 27 reprises en huit ans, n’est plus apparu comme un instrument de stabilité, mais comme un déni de démocratie, un moyen pour un exécutif minoritaire d’imposer sa volonté en contournant le vote des représentants du peuple. Cette pratique a alimenté un sentiment de déficit démocratique et une colère profonde dans le pays, comme en témoignent les vastes mouvements sociaux contre la réforme des retraites. Le système, conçu pour éviter la paralysie, génère désormais du ressentiment et de la défiance, aggravant la fracture entre les citoyens et les institutions.   

 

L’appel à une VIème République

 

Face à ce constat d’échec et de blocage, le vieux débat sur la nécessité d’une VIème République a refait surface avec une force nouvelle. Portée historiquement par des figures comme Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, qui en ont fait la pierre angulaire de leur projet , cette idée trouve aujourd’hui un écho bien au-delà de la gauche radicale. Elle est alimentée par la crise civique, l’abstention record et la demande de participation citoyenne exprimée avec force lors du mouvement des Gilets jaunes.   

Les propositions pour une VIème République sont diverses, mais elles convergent vers un rééquilibrage des pouvoirs au profit du Parlement et des citoyens. Les mesures les plus souvent avancées incluent la suppression ou la limitation drastique des pouvoirs du Président de la République (comme la fin de son élection au suffrage universel et de son droit de dissolution), l’abrogation de l’article 49.3, et le renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement. Un autre pilier de ce projet est l’introduction de la proportionnelle pour les élections législatives, afin d’assurer une représentation plus fidèle de la diversité des courants politiques. Enfin, une place centrale est accordée aux mécanismes de démocratie directe, notamment le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), qui permettrait aux citoyens de proposer ou d’abroger des lois, de modifier la Constitution ou de révoquer des élus.   

Ce qui était autrefois un débat pour spécialistes en droit constitutionnel est devenu une revendication politique centrale, portée par la conviction que la Vème République, après 24 modifications, est à bout de souffle et incapable de répondre aux défis démocratiques du XXIème siècle. La crise actuelle n’est pas seulement politique, elle est constitutionnelle. Les institutions de 1958 ont été conçues pour fonctionner dans un contexte de bipolarisation et de fait majoritaire. Or, la tripolarisation du paysage politique a fait voler en éclats ce prérequis. Le Président, toujours doté de pouvoirs immenses, se retrouve sans les moyens politiques de les exercer, tandis que les outils destinés à assurer son autorité sont perçus comme illégitimes. La Constitution, au lieu de résoudre les conflits, les exacerbe. Le système est grippé, et la question n’est plus de savoir s’il faut le réformer, mais quand et comment.   

 

Un Géant aux Pieds d’Argile – La France, Facteur d’Incertitude pour le Monde

 

La crise politique française, loin d’être un drame purement domestique, projette une onde de choc qui déstabilise l’architecture européenne et inquiète les partenaires stratégiques de Paris. Autrefois perçue comme un pilier de l’Union européenne et un acteur géopolitique majeur, la France apparaît aujourd’hui comme un géant aux pieds d’argile, dont l’instabilité interne paralyse son action extérieure et crée un vide dangereux sur la scène internationale.

 

Le moteur franco-allemand en panne sèche

 

Le couple franco-allemand, moteur historique de la construction européenne, est aujourd’hui au point mort, victime collatérale de la paralysie parisienne. L’efficacité de ce tandem a toujours reposé sur la capacité des deux capitales à forger des compromis et à donner une impulsion politique commune à l’Union. Or, une France absorbée par ses crises intestines, incapable de se projeter sur le long terme et de prendre des engagements crédibles, ne peut plus jouer ce rôle.  

Cette panne a des conséquences concrètes sur tous les grands dossiers européens. Qu’il s’agisse de la réforme du marché de l’énergie, de la mise en place d’une défense européenne autonome, des négociations budgétaires ou de la stratégie face à la guerre en Ukraine, l’absence d’une voix française forte et stable laisse Berlin sans son partenaire privilégié. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’Allemagne traverse elle-même une période de turbulences politiques, avec l’éclatement de sa coalition gouvernementale et la perspective d’élections anticipées. La double crise à Paris et à Berlin prive l’Europe de son leadership au moment même où elle fait face à des défis existentiels.   

La presse européenne, et notamment allemande, ne cache plus son exaspération et son inquiétude. Les commentaires décrivent une France en proie au « chaos », un « pays dans le déni » dont l’instabilité chronique menace l’ensemble du projet européen. Un diplomate allemand résume le sentiment général en affirmant que « la dynamique a été arrêtée avec la dissolution de l’Assemblée nationale ». La crédibilité de la France en tant que partenaire fiable est sérieusement entamée.   

 

L’Alliance Atlantique à l’épreuve

 

L’incertitude politique française suscite également de vives préoccupations au sein de l’OTAN et à Washington. La perspective de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National soulève des questions fondamentales sur l’engagement futur de la France, puissance nucléaire et militaire de premier plan, dans l’Alliance atlantique.   

Historiquement, la relation de la France avec l’OTAN a été complexe. Après s’être retirée du commandement militaire intégré en 1966 sous l’impulsion du général de Gaulle pour préserver son indépendance stratégique, elle l’a réintégré pleinement en 2009. Aujourd’hui, la France est un allié engagé, participant activement aux missions de l’Alliance, notamment sur le flanc Est face à la Russie.   

Cependant, Marine Le Pen a par le passé réaffirmé son intention, si elle était élue, de quitter à nouveau le commandement intégré de l’OTAN. Une telle décision, même si elle ne signifie pas une sortie de l’Alliance elle-même, enverrait un signal politique dévastateur. Elle affaiblirait considérablement la cohésion de l’OTAN, sa capacité de planification et sa posture de dissuasion collective. Pour les alliés d’Europe de l’Est, qui comptent sur la solidarité française face à la menace russe, ce serait un coup très dur. De plus, la position historiquement ambiguë du RN à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine, malgré les condamnations de l’invasion de l’Ukraine, reste une source de méfiance profonde à Washington et dans les capitales d’Europe orientale. Les think tanks américains, qui jouent un rôle clé dans l’élaboration de la politique étrangère des États-Unis, analysent avec une attention croissante les scénarios d’une France dirigée par le RN et leurs implications pour la sécurité transatlantique.   

 

Le déclin de l’influence française en Afrique et au-delà

 

L’instabilité politique à Paris accélère le déclin de l’influence française dans ses zones d’intervention traditionnelles, notamment en Afrique. Au Sahel, la France est confrontée à un échec stratégique cuisant. Après une décennie d’opérations militaires coûteuses, la situation sécuritaire s’est dégradée, et une vague de coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger a porté au pouvoir des régimes militaires hostiles à la présence française.   

Ce rejet est alimenté par un sentiment anti-français profond, qui voit en Paris une puissance néocoloniale soutenant des régimes corrompus. Ce vide laissé par la France est rapidement comblé par d’autres acteurs, au premier rang desquels la Russie, qui avance ses pions via des milices et des accords de défense. Une France politiquement affaiblie et paralysée est incapable de redéfinir une politique africaine cohérente et de contrer ces nouvelles influences. Sa voix diplomatique est affaiblie, et sa capacité à projeter une puissance militaire et économique est compromise par les incertitudes internes.   

Ce recul ne se limite pas à l’Afrique. La crédibilité de la stratégie française en Indo-Pacifique, présentée comme un axe majeur de la diplomatie d’Emmanuel Macron, est également mise à mal. Comment garantir un engagement de long terme dans une région aussi stratégique quand le pouvoir politique à Paris est aussi précaire?. La crise domestique française agit comme un multiplicateur de paralysie sur la scène mondiale. L’incapacité de Paris à agir de manière décisive chez elle supprime un pilier essentiel de l’architecture de sécurité européenne et occidentale, créant un vide que des puissances rivales s’empressent de combler et forçant ses alliés à remettre en question des décennies d’acquis stratégiques.   

 

L’inquiétude de Bruxelles et des marchés

 

La crise française est suivie avec une anxiété palpable à Bruxelles. Les institutions européennes, habituées à s’appuyer sur la France pour faire avancer les dossiers, assistent impuissantes à ce qu’une diplomate a qualifié de « sitcom » politique. L’inquiétude est d’autant plus grande que la France est un poids lourd économique de la zone euro, et que son instabilité a des répercussions financières immédiates.   

Les marchés financiers réagissent négativement à l’incertitude politique. La démission du gouvernement Lecornu a provoqué une chute des actions des banques françaises et une tension sur le coût de la dette du pays. Les investisseurs s’inquiètent de la trajectoire budgétaire de la France, dont le déficit public est déjà sous surveillance de la Commission européenne, et de l’absence d’un gouvernement capable de mettre en œuvre des réformes structurelles. Cette nervosité pèse sur la monnaie unique : la crise politique française est devenue un facteur d’affaiblissement de l’euro sur les marchés des changes. L’imbrication est totale : la crise politique nourrit la crise économique et financière, qui à son tour affaiblit la position de la France en Europe, dans un cercle vicieux qui semble sans fin.   

 

2027, l’An Zéro? Les Scénaris pour Sortir de l’Impasse

 

Au terme de cette analyse, le constat est sans équivoque. La France est prise au piège d’une tempête parfaite, une convergence rare de fragmentation politique, de défaillance institutionnelle et de profonde défiance citoyenne. La succession de gouvernements éphémères n’est que la partie visible d’un mal bien plus profond : le pays est devenu structurellement ingouvernable dans sa configuration actuelle. L’ancien ordre politique, fondé sur l’alternance entre une droite et une gauche de gouvernement, est mort, mais un nouveau système stable tarde à naître de ses cendres, laissant la nation dans un entre-deux périlleux.

 

Une nation à la croisée des chemins

 

La crise actuelle est la somme de toutes les fractures françaises. Fracture territoriale entre les métropoles mondialisées et une France périphérique qui se sent abandonnée. Fracture sociale entre une élite intégrée et des classes populaires et moyennes en proie au déclassement et à l’insécurité. Fracture culturelle sur les questions d’identité, de laïcité et d’immigration. Et enfin, fracture démocratique entre des citoyens qui réclament plus de participation et un système politique hyper-présidentiel qui leur apparaît lointain et autoritaire. Le Rassemblement National a su prospérer en se faisant le porte-voix de toutes ces colères, tandis que les autres forces politiques, éclatées et en proie à leurs propres démons, semblent incapables de formuler une réponse à la hauteur des enjeux.

 

Les scénarios d’avenir

 

Alors que l’élection présidentielle de 2027 se profile à l’horizon, trois grands scénarios se dessinent pour tenter de sortir de cette impasse, chacun porteur de ses propres risques et incertitudes.

  1. La Victoire du Rassemblement National : C’est aujourd’hui le scénario le plus probable au vu des sondages. Une victoire de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella constituerait un séisme politique sans précédent. Elle inaugurerait une période de rupture radicale, avec une redéfinition de la politique intérieure (sur l’immigration, la sécurité, la justice) et une remise en cause de la place de la France dans l’Union européenne et l’OTAN. Un tel événement provoquerait une crise institutionnelle majeure, potentiellement une cohabitation tendue avec une Assemblée hostile, et des conséquences géopolitiques et économiques encore difficiles à mesurer.
  2. La Grande Coalition ou l’Union Nationale : Face à la menace d’une victoire du RN, les forces dites « de l’arc républicain » – du centre macroniste à la gauche modérée et à la droite républicaine – pourraient être contraintes de former une alliance de circonstance pour gouverner. Ce « gouvernement de dernier recours » serait fondé non pas sur un projet commun, mais sur un rejet partagé de l’extrême droite. Une telle coalition serait par nature extrêmement fragile, minée par des divergences idéologiques profondes et dépourvue d’un véritable mandat populaire, risquant d’apparaître comme un simple arrangement d’élites pour conserver le pouvoir et d’alimenter encore davantage le vote protestataire.
  3. Le Blocage Perpétuel : Il s’agit peut-être du scénario le plus sombre, celui d’une continuation de la situation actuelle. L’élection de 2027 pourrait à nouveau produire un parlement sans majorité et un président politiquement impuissant. La France s’installerait alors dans une crise chronique, avec une succession de gouvernements instables, des dissolutions à répétition et une incapacité structurelle à mener des réformes. Ce pourrissement politique achèverait d’éroder la confiance des citoyens dans la démocratie et de dégrader durablement la position internationale et la santé économique du pays.

 

L’ultime avertissement

 

Quelle que soit l’issue, une chose est certaine : l’élection présidentielle de 2027 sera bien plus qu’une simple compétition politique. Elle s’annonce comme un véritable référendum sur le destin de la Vème République et sur le rôle que la France entend jouer au XXIème siècle. Les choix qui seront faits auront des répercussions qui dépasseront de loin les frontières de l’Hexagone, et pourraient redessiner en profondeur l’avenir de l’Union européenne et de l’alliance occidentale. La crise actuelle n’est pas une simple fièvre passagère ; c’est un avertissement. L’avertissement qu’un modèle politique, social et institutionnel est arrivé à son point de rupture. Les enjeux n’ont jamais été aussi élevés.