Loi de programmation militaire : qu’est ce que c’est ?

En ce moment, les députés débattent sur le budget des armées. Le gouvernement propose une hausse de 413 milliards d’euros sur sept ans.

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Loi de programmation militaire

La loi de programmation militaire veut augmenter le budget de l’armée sur les sept prochaines années – CREDIT : Faut qu’on en parle

Au sein d’un contexte de tensions internationales croissantes, les députés entament les débats sur le budget des armées. Le projet de loi de programmation militaire (LPM) est présenté à l’Assemblée nationale à partir du lundi 22 mai. Les discussions en première lecture s’étaleront sur une période de deux semaines, avec la présentation de plus de 1 700 amendements, avant un vote solennel prévu pour le 6 juin. La LPM prévoit une augmentation significative du budget militaire pour les sept prochaines années, mais cela implique une révision à la baisse des objectifs d’équipement des forces armées d’ici à 2030.

Le gouvernement a identifié un besoin de financement de 413,3 milliards d’euros sur une période de sept ans (2024-2030) pour les armées, ce qui représente une augmentation de 40% par rapport à la précédente loi de programmation militaire 2019-2025 (295 milliards). Le budget de la Défense, qui connaît déjà une augmentation depuis six ans, s’élève à 43,9 milliards d’euros en 2023, selon les données fournies par le ministère des Armées. Ce budget devrait continuer à augmenter progressivement au cours des prochaines années afin d’atteindre et de dépasser 2% du produit intérieur brut (PIB) français.

Une augmentation de 3,1 milliards d’euros est prévue pour l’année 2024, suivie d’une augmentation de 3 milliards supplémentaires par an de 2025 à 2027, et enfin de 4,3 milliards de plus par an à partir de 2028, selon les détails fournis par vie-publique.fr. Ainsi, le budget atteindra 68,9 milliards d’euros en 2030. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, estime qu’il n’y a rien d’excessif dans cette augmentation. Les industriels de défense, lors de leur audition devant les députés en commission, ont fait part de leur pleine conscience de l’effort consenti par la Nation, malgré le niveau élevé de la dette publique. Sur les 413,3 milliards d’euros nécessaires, 400 milliards seront financés par des crédits budgétaires, tandis que 13,3 milliards seront financés par des ressources extrabudgétaires, jugées plus incertaines par le Haut conseil des finances publiques, selon les informations rapportées par Public Sénat.

Les priorités de cette loi de programmation militaire (LPM) sont axées sur la dissuasion nucléaire et la “fidélisation” des troupes. Dans le contexte du retour des tensions en Europe et de la montée des tensions internationales, le gouvernement vise la modernisation des outils de dissuasion nucléaire et une meilleure rétention des effectifs militaires. Environ trente milliards d’euros seront alloués pour couvrir l’inflation.

La modernisation de la dissuasion nucléaire, incluant l’acquisition de futurs sous-marins lanceurs d’engins, de missiles M51 et ANS4G, représente à elle seule 13% des crédits. Selon Thomas Gassilloud, député Renaissance du Rhône et président de la commission de la Défense, cela correspond au “montant de l’assurance-vie” et permet également de réduire la nécessité de recourir à des forces conventionnelles.

L’objectif d’emploi de 275 000 militaires et civils (hors réservistes) reste inchangé, mais les crédits alloués augmentent de 87 à 98 milliards d’euros sur la période, afin d’améliorer les rémunérations et d’inciter les membres des forces armées à rester en service. Les équipements tels que les avions, les blindés, etc., représenteront 268 milliards d’euros, tandis que le budget consacré à leur entretien augmentera de 40% (49 milliards d’euros), de même que celui de l’entraînement des forces (65 milliards).

La LPM vise également à remédier aux faiblesses révélées par le conflit en Ukraine, notamment en augmentant les stocks de munitions (16 milliards d’euros, soit une augmentation de 45%) et les dispositifs de défense sol-air (5 milliards). Une attention particulière est également portée aux “nouveaux champs de conflictualité” tels que l’espace (6 milliards, soit une augmentation de 40%) et le cyber (4 milliards, soit une augmentation de 300%).